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« On a rouvert uniquement la terrasse »
Saïd Laceuk, 29 ans. Gérant-salarié du restaurant-bar Le Village, à Ivry-Port.
Propos recueilli le 3 juin 2020.
Le confinement a été une période difficile sur le plan économique. Malgré les reports de charges accordées par les banques et la possibilité d’avoir recours au chômage partiel, il a tout de même fallu payer le loyer. On a rouvert le 2 juin, uniquement la terrasse, comme indiqué par le gouvernement.
Ça commence à reprendre, les gens attendaient vraiment ça. Cela fait deux mois qu’on se prépare à une réouverture, on s’est adapté. On a mis des gants et du gel hydro-alcoolique à disposition des clients, nous portons masques et gants. Nous avons même, pour ceux qui doivent se rendre à l’intérieur, mis en place une entrée et une sortie différentiées pour éviter de se croiser. Tout est mis en œuvre pour préserver la santé des gens et de l’équipe. On devrait a priori rester dans cette configuration jusqu’au 21 juin, après on ne sait pas trop.
Pour le moment, ce qui est embêtant, c’est le temps. On est dépendant du soleil. En cas de pluie, nos stores ne couvrent pas tout et on n’a pas le droit de faire entrer les clients à l’intérieur. Ça reste incertain mais on est content d’accueillir à nouveau du monde midi et soir ! »
Le Village : 1 bis place de l’Insurrection d’août 1944. 01 43 90 92 00.
« Pour les élèves, le travail à distance, ce n’est pas l’avenir ! »
Judith Lopes, 48 ans, quartier du Centre-Ville.
Propos recueilli le 3 juin.
Chercheuse en biologie à l’Inserm, mère de trois enfants, déléguée de parents d’élèves et coresponsable de l’union locale de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) d’Ivry.
« Quand j’ai su le jeudi soir 12 mars que l’école allait fermer, tous le week-end, je ne me suis demandé comment j’allais gérer cela dans notre appartement. Mon deuxième fils, grand sportif, est toujours dehors à jouer sur le plateau d’évolution Wallon : comment allait-on le maintenir à la maison ? J’ai carrément paniqué. J’ai dit à mon mari qu’il fallait qu’on trouve une maison quelque part et que l’on parte. Dans le week-end, j’ai cherché un gite à louer pas loin de Paris pour tous les cinq. La seule condition était qu’Internet marche dans toutes les pièces et qu’il y ait un bureau dans chaque chambre.
Le lundi, je suis passée le matin au laboratoire qui avait fermé pour prendre mes affaires de travail et nous sommes partis le jour même, la veille du confinement. J’ai prêté notre appartement à ma sœur pour qu’elle puisse se confiner dans plus grand. Mon mari et moi sommes en télétravail. Nous avons donc fonctionné avec quatre ordinateurs pour cinq. Mais seuls deux sur quatre permettent de faire des visioconférences en vidéo. Il a fallu jongler. C’est un peu tendu des fois pour organiser les réunions de travail à distance.
Mon fils ainé, Karl, 20 ans est en 2e année de licence informatique et design. Son université est fermée. Tous ces cours sont et restent en distanciel. Ses examens sont pour la plupart du travail personnel ou des oraux en visioconférences.
Pavel, 15 ans, est en seconde au lycée Romain Rolland. Son bulletin du 3e trimestre n’est pas noté mais comporte juste des appréciations. Il reçoit ses cours et devoirs à distance régulièrement envoyés par ses professeurs et doit fournir des rendus en retour. Le lycée ne devrait pas rouvrir en juin. Seuls des élèves en Terminale qui doivent passer les oraux de rattrapage du bac (ceux qui ont entre 8 et 10 en contrôle continu) seraient accueillis par petits groupes avec les professeurs.
Sarah, 11 ans, en CM2 à l’école Einstein, reçoit son travail par mail quatre fois par semaine que j’imprime chaque jour. Elle n’a plus de notes non plus. Son école rouvre le 4 juin pour 40 enfants, à savoir 4 classes de 10 élèves. Ma fille ne fait pas partie de ceux qui sont prioritairement accueillis. Mais normalement, sa maîtresse a prévu que chaque enfant revienne quand même une journée à l’école avant la fin de l’année pour récupérer ses affaires et dire au revoir. C’est vraiment une fin d’année très particulière… L’année prochaine elle passe en 6e au collège Politzer, qu’elle aurait aimé visiter.
Tous les samedis matins, depuis le confinement, nous faisons une réunion Zoom entre parents d’élèves pour nous tenir au courant. À chaque fin de discussion, nous invitions Méhadée Bernard (adjointe au maire en charge de la scolarité) afin qu’elle nous livre les dernières informations sur les réouvertures d’écoles car nous étions dans le flou. Notre volonté à la FCPE, c’est de mettre des moyens sur la rentrée. On sait que cette période est très compliquée et que des élèves n’auront pas pu suivre correctement. Nous, parents d’élèves, demandons à ce que le retard puisse être rattrapé à la rentrée. Nous réclamons le maintien de toutes les classes sur Ivry, avec des moyens humains supplémentaires pour les élèves en difficulté.
Nous rentrons le week-end prochain sur Ivry. Nous avons vécu un confinement tout à fait confortable car nous avons eu la chance d’avoir les moyens de le faire. Cela a été mon premier séjour à la campagne. La journée chacun travaillait et on se retrouvait le soir. Nous ne sommes pas sortis sauf pour faire des courses de temps en temps. C’était anxiogène toutes ces informations des médias ! Notre première visite, nous l’avons faite le week-end dernier pour aller voir la Loire à Amboise, une ville à côté.
Je retiens de cette expérience que le travail à distance pour les enfants, c’est vraiment très compliqué et que ce n’est surement pas l’avenir. Ce n’est pas vraiment de l’école, mais plus le maintien d’un niveau sur des notions déjà vues en classe. Pour ne pas couper les ponts, c’est important. Mais ce n’est pas du tout la même motivation pour se lever le matin. Il n’y a pas d’émulation comme dans la classe. On est tout seul devant sa feuille et son ordinateur. Il y a une lassitude, mêmes pour les miens qui sont pourtant bons élèves et qui aiment bien l’école. Ils ont besoin de présentiel avec leur enseignant et leurs camarades autour d’eux ! »