Des enfants sahraouis à Ivry

Du 30 juin au 20 juillet, la Ville accueille en vacances des enfants sahraouis en provenance de camps de réfugiés de la région de Tindouf, au sud-ouest de l’Algérie.

« Nous recevons cette année cinq enfants de 9 ans : deux filles - Naha et Uaara, et trois garçons, Mohamad, Ahmad et Ubbi, détaille Nada Awad, cheffe de projet relations internationales à la Ville. [Le 6e enfant attendu n’a pas pu venir pour des raisons familiales]. Des membres de la communauté sahraouie d’Île-de-France sont venus les accueillir à leur arrivée à Orly, le 30 juin. L’engagement aux côtés du peuple sahraoui dépasse le cadre de la municipalité, puisque quatre familles d’accueil ivryennes hébergent chez eux les enfants. » Un acte solidaire salué par la Ville.

Ce séjour s’inscrit dans le cadre des nombreuses actions politiques et humanitaires menées par la municipalité afin de soutenir le peuple sahraoui dans la défense de ses droits, dans la libération de ses prisonniers politiques et dans son droit d’autodétermination. Rappelons pour exemple la nomination de Naâma Asfari comme citoyen d’honneur depuis juin 2016 et la signature du protocole d’amitié entre la Ville et la Daïra de Mijek en juin 2022.

Vacances solidaires

Depuis 2008, chaque été, six enfants sahraouis âgés de 6 à 10 ans, en provenance de camps de réfugiés de la région de Tindouf, au sud-ouest de l’Algérie, sont accueillis à Ivry. Cette initiative avait cependant dû être suspendue en 2020, 2021 et 2022 au regard de la crise sanitaire liée au Covid et la situation politique au Sahara occidental.

Cette année, ces enfants passent ici des vacances, loin de leurs difficiles conditions de vie du 30 juin au 20 juillet. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un projet porté par l’association Plateforme nationale de solidarité avec le peuple sahraoui, en partenariat avec les associations : l’Association des amis de la République arabe sahraouie démocratique (AARASD) et « Camion-Citerne pour les sahraouis » au Havre.

Au programme de leur première semaine de séjour à Ivry :

  • rendez-vous médicaux au centre municipal de santé ;
  • remise d’un trousseau de vêtements ; activités culturelles et sportives dans la ville et à Paris ;
  • journée en centre de loisirs afin de présenter aux enfants et par les enfants la situation au Sahara occidental ;
  • séjour en centre de vacances d’Héry-sur-Ugine (Savoie), du 8 au 19 juillet 2024. Les enfants seront ensuite accueillis au Havre du 20 juillet au 5 août par l’association « Un Camion-Citerne pour les Sahraouis » avant de rentrer dans leurs familles.

Sylvie Moisy

10ème édition du Festival Ciné Palestine

Le Festival Ciné-Palestine (FCP) a été fondé en 2015 et est organisé par l’Association du Festival du film palestinien. Chaque année, il se déroule dans divers lieux en Île-de-France et à Marseille, avec pour mission de promouvoir le cinéma palestinien. Depuis sa création, il est devenu un rendez-vous essentiel du calendrier culturel de Paris et sa banlieue, et, depuis 2022, de Marseille. Le festival met en lumière la qualité et la diversité du cinéma palestinien en diffusant des œuvres d’artistes palestiniens et/ou abordant des thématiques liées à la Palestine.

Pour sa 10ème édition, le Festival Ciné-Palestine propose une programmation itinérante entre Paris, l'Île-de-France et Marseille. En lien avec les engagements de la Ville envers le peuple palestinien, le secteur des Relations Internationales et le cinéma municipal Le Luxy ont organisé le 16 juin la journée de clôture du festival Ciné Palestine au Cinéma Le Luxy.

Concert de solidarité pour Gaza avec HK à la Guinguette du port

Depuis le 7 octobre et les attaques terroristes du Hamas, l’armée israélienne bombarde la bande de Gaza, dévastant la ville sans épargner les civils. À l’heure actuelle, les estimations s’élèvent à plus de 35 000 morts, dont un tiers d’enfants, à cause des bombardements. La ville d’Ivry-sur-Seine, fidèle à son engagement pour la paix et la solidarité avec les peuples, condamne les meurtres de civils et le « risque de génocide » (défini comme tel par la Cour Internationale de Justice) en cours à Gaza. Elle appelle le gouvernement français à agir en faveur d’un cessez-lefeu immédiat, de la libération inconditionnelle de tous les civils illégalement retenus en captivité, et à de la fin de l’occupation des territoires palestiniens par l’armée israélienne, en écho aux ordonnances de la CIJ et aux résolutions de l’ONU.

Le dimanche 2 juin à 19h, le chanteur HK a donné un concert de solidarité avec le peuple palestinien à la Guinguette du port. La participation au concert était libre, et les bénéfices ont été reversés à la famille de réfugié·es palestinien·nes de Gaza actuellement hébergée à Ivry.

Cette soirée s’est intègré dans l’initiative « Gaza sur Seine » organisée par les collectifs Artists for Palestine et Gaza Visages : une péniche aux couleurs de la Palestine, qui a remonté la Seine depuis Nanterre en rendant différents hommages aux victimes civiles de Gaza, notamment par l’interprétation de poèmes, textes et chansons à différentes étapes. Leur parcours a pris fin sur les berges de Seine ivryennes en fin de soirée.

Le concert de solidarité s’est ajouté à la liste des différentes mobilisations citoyennes, syndicales et associatives locales en solidarité avec le peuple palestinien. Il s’est inscrit également dans le contexte actuel de mobilisations et d’expressions populaires pour une paix juste et durable au Proche-Orient.

Guerre à Gaza : vies broyées

Réfugiée, une famille gazaouie est accueillie à Ivry. Le père Ahmed Abushamla, salarié de l’Institut français de Gaza, a été tué le 15 décembre 2023, alors qu’il devait être évacué vers la France. La rédaction d’«Ivry ma ville » les a rencontrés en avril 2024.

« Nous étions dans une inquiétude totale, nous pensions que nous allions mourir. Les bombardements israéliens étaient incessants ». Ce 22 avril 2024, dans l’appartement ivryen mis à leur disposition par la mairie, Bassel, Mustafa et Youssef, respectivement âgés de 27, 23 et 21 ans, racontent la guerre qui dévaste la bande de Gaza depuis l’attaque du Hamas sur Israël en octobre dernier. Ils détaillent le jour où un missile est tombé sur l’immeuble où ils étaient hébergés dans le sud de l’enclave palestinienne.

C’était le 15 décembre 2023. Les trois jeunes hommes ainsi que leur frère Mohamad sont légèrement blessés.Leur père Ahmed est, lui, gravement touché à la tête et décède peu après. Employé à l’Institut français de Gaza depuis plus de vingt ans, il attendait d’être évacué vers la France, en conformité avec le droit national et international. Vêtue de noir, leur mère Reem pleure en silence.

Le 10 novembre 2023, elle a pu quitter Gaza via l’Égypte avec ses deux plus jeunes garçons et sa petite-fille Salma - la mère de l’enfant est morte d’un cancer il y a deux ans. Au poste-frontière, le nom de ses quatre fils majeurs n’étant pas inscrits sur la liste comme prévu, la famille a dû se résigner à se séparer, le père décidant de rester avec eux.

« Mon mari a payé de sa vie pour que nous soyons tous réfugiés en France », confie-t-elle dans un souffle. Après la mort tragique de leur père, les aînés errent dans les rues, personne ne voulant les abriter car des hommes, jeunes et seuls, représentent une cible à abattre prioritairement pour les soldats israéliens. Par l’intermédiaire de journalistes croisés à l’hôpital, ils finissent par joindre leur frère Majed, étudiant en France. Ce dernier contacte l’État français qui parvient à les évacuer le 31 décembre 2023.

Douleur du deuil

Aujourd’hui, les membres de cette famille gazaouie sont accompagnés par les services du ministère des Affaires étrangères et de l’Europe, et ceux de la municipalité d’Ivry et ont ainsi pu obtenir le statut de réfugiés et résident à Ivry. Géographiquement loin des combats, la guerre est pourtant là, à chaque heure du jour, via les médias et les messages des proches. « Lors d’un reportage à la télévision, nous avons même reconnu notre père quand il a été sorti des décombres », glisse Majed.

Leur deuil est encore infiniment douloureux, la peur d’apprendre de nouvelles morts toujours présente. À la rentrée, les frères, qui prennent des cours de français, iront à l’université. Leur nièce Salma, 3 ans, entrera à la maternelle. « Nous sommes très reconnaissants à la France et à la Ville d’Ivry pour leur accueil. C’était un rêve d’être sauvés, ça nous donne un nouvel espoir, concluent-ils. Mais il nous faudra du temps pour nous reconstruire. Visiter Paris, voir les lieux dont notre père nous parlait, réveille notre tristesse car il n’est plus là. »
Dévastée, leur mère Reem se lève, elle, la nuit, pour regarder ses enfants dormir et vérifier qu’ils sont toujours en vie.

Catherine Mercadier

En direct de Jérusalem et de Cisjordanie

Le 27 mars, à l’Espace Robespierre, une visio-conférence s’est tenue avec des Palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Elle était organisée par douze partenaires dont l’Association France Palestine Solidarité, le comité de jumelage et la Ville d’Ivry.

« Bonsoir de Jérusalem, capitale de la Palestine ! Malgré toute la répression et les exactions que nous subissons à Jérusalem et en Cisjordanie, ce n’est rien par rapport à l’ampleur du génocide qui frappe les Palestiniens de Gaza depuis le 7 octobre 2023. L’État d’Israël a été démasqué. Il ne respecte aucune résolution de l’ONU et aucun droit humain. » Ce 27 mars, à l’Espace Robespierre, des Palestiniens du camp de réfugiés de Jalazone et du village de Jifna (Cisjordanie)* ainsi qu’un Palestinien de Jérusalem-Est participaient en direct à une visio-conférence avec les Ivryens. Leur visage était projeté sur un grand écran, tandis que l’artiste palestinienne Abeer Hamad* traduisait en direct leurs propos. Jalazone et Jifna sont jumelées avec notre commune et Jérusalem-Est fait l’objet d’actions de coopération. Cette soirée était organisée par une dizaine de partenaires dont la Ville d’Ivry, le comité de jumelage d’Ivry ou encore le comité ivryen de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS).

Plus de 150 personnes, dont la députée Mathilde Panot et le sénateur Pascal Savoldelli, ont assisté à la rencontre.  Le maire Philippe Bouyssou s’est félicité de la présence d’autant d’habitants et de la tradition ivryenne de solidarité avec la Palestine. « Cette soirée renforce notre engagement pour la paix et pour que cessent les crimes commis par l’État d’Israël, a-t-il affirmé. La récente résolution prise par le Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu à Gaza doit constituer une base d’action pour assurer la paix, faire respecter le droit international et ceux du peuple palestinien. »

Maintenir l’espoir

Parmi les témoignages exprimés, celui d’un universitaire expliquant les difficultés à enseigner en Palestine, un autre déplorant l’impossibilité de se déplacer : « Il est plus facile se rendre à Paris qu’à Hébron à 50 km de chez nous ».  Une mère de famille du camp de réfugiés de Jalazone confie son angoisse permanente face à la brutalité que subissent les enfants, régulièrement menacés d’arrestation. « Des viols, sévices sexuels et autres humiliations sont aussi pratiqués dans les prisons à l’encontre des femmes palestiniennes. », ajoute-t-elle. 

Le résident de Jérusalem indique que depuis le 7 octobre 2023, en dehors de la bande de Gaza, « 57 Palestiniens ont été tués, 129 personnes emprisonnés et 1 184 interpellés, 126 maisons ont été démolies, et 2000 hectares colonisées ». Un terrible décompte qui s’ajoute aux 30 000 Gazaouis morts depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre 2023.

Militante pour une paix juste et durable ainsi que la création d’un État palestinien indépendant, Chantal Bourvic, responsable du comité de jumelage, est satisfaite des échanges de la soirée : « Tous les Palestiniens qui ont parlé sont nos partenaires mais surtout nos amis. Notre mobilisation, depuis la France, est fondamentale car elle maintient l’espoir ».

Catherine Mercadier

Jeux Olympiques Paris