Devant des blocs de bétons éventrés d’où jaillissent les armatures en fer, Kutaybah Odeh semble retenir sa colère : « Chers amis […], après la démolition de notre centre, notre message est que nous allons continuer ensemble ! » Telle est la vidéo postée ce 13 novembre par le président de l’association Al Bustan. Son centre culturel et social, situé dans le quartier de Silwan à Jérusalem-Est, vient d’être démoli par les autorités israéliennes. Rapidement, la vidéo a été relayée par les nombreux partenaires du centre dont fait partie la Ville d’Ivry.
Depuis 2019, la municipalité soutient en effet Jérusalem-Est dans le cadre du Réseau de coopération décentralisée pour la Palestine (RCDP) aux côtés de vingt autres communes françaises et du ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères. Plus de 500 000 € ont été dépensés par le RCDP auprès de ce centre essentiel à plus d’un millier d’enfants et de jeunes. « On proposait des activités culturelles, sportives, mais aussi du soutien psychologique, décrit Naheel Bazbazat, coordinatrice du projet Jer’Est 2 au sein de l’association Al Bustan. Notre centre était un lieu où les jeunes, les femmes se sentaient en sécurité. » Cette coopération a aussi permis à des danseurs palestiniens de venir à Ivry rencontrer des licenciés de la section hip-hop de l’US Ivry. Le projet a brutalement pris fin après les attaques du 7 octobre 2023 après la réponse brutale du gouvernement israélien aux attaques du 7 octobre 2023 à Gaza.
Une destruction de plus
Le centre Al Bustan est menacé depuis bien plus longtemps. Il est situé à Jérusalem-Est, c’est-à-dire dans un territoire palestinien considéré comme occupé depuis 1967 par la communauté internationale qui ne reconnaît pas son annexion par Israël. « Cela fait trois ans que les destructions de maisons ont lieu à Silwan, précise Nathalie Leruch, adjointe au maire en charge des relations internationales. Évidemment, les événements récents ont accéléré les choses. » Le Consulat de France à Jérusalem s’est dit « indigné ». Le maire d’Ivry, quant à lui, a pris la parole sur les réseaux sociaux puis lors d’un rassemblement des élus de la majorité municipal le 15 novembre. Rappelant les atteintes au droit international dans la guerre à Gaza, qualifiées de génocide par l’ONU, et le risque pour 1 500 Palestiniens de Silwan de perdre leur maison, Philippe Bouyssou a exhorté le gouvernement français à des sanctions tout en réaffirmant la poursuite de la coopération avec les territoires palestiniens et le centre Al Bustan.
Malgré la destruction, les activités sociales et culturelles ont déjà repris. « Un de nos bénévoles nous a trouvé une maison pour redémarrer certaines activités, confie Naheel Bazbazat. Nous réinvestissons également l’aire de jeu située à côté de notre ancien centre. C’est notre responsabilité pour les populations qui ont besoin de nos activités. » Des ruines, Al Bustan, qui signifie « jardin » en arabe, a déjà repoussé.
Weilian Zhu
Retrouvez toutes les actualités internationales sur la page dédiée