37_Lichen_paysage_HD__c__estrarre.jpg
« Pendant un an, j’ai rencontré des gens importants pour moi, déclare l’auteure de Lichen. C’est quelque part leur rendre hommage. »
© estrarre

« Le lichen est une plante présente dans le bassin minier, une plante de la résilience, c’est la première qui repousse après une catastrophe... » C’est ainsi que Magali Mougel, auteure de théâtre, justifie le titre de sa dernière pièce. Ce texte, elle l’a écrit à l’issue d’une résidence en 2017-2018 à la Culture commune - Scène nationale du minier du Pas-de-Calais. L’histoire d’une famille qui sera expulsée de sa maison, une fiction inspirée du réel : « Le déclencheur a été un homme présent avec ses enfants en réunion publique dans le cadre d’une concertation citoyenne sur une cité minière, l’îlot Parmentier, un patrimoine abimé, à réhabiliter ou à raser », explique celle qui s’est immergée pendant un an sur ce territoire. Mais tout était joué d’avance. 

Magali Mougel parle de ces histoires à la marge. Des derniers habitants de ces corons - ex-maisons de mineurs - qui ont dû partir pour laisser place à des ateliers d’artistes. De retour de résidence, affectée, elle s’exilera un temps avant d’écrire Lichen, fiction racontée à travers le regard d’une petite fille.

Mémoire de vies

« Ce texte poétique est excessivement émouvant, témoigne le metteur en scène Julien Kosellek de l’ensemble théâtral estrarre, en résidence pour trois ans au théâtre Antoine Vitez, et auquel l’auteure a confié Lichen. C’est l’histoire poignante d’une famille et de son rapport à la société. Ce n’est pas une pièce politique, mais un récit humain qui a la particularité d’être écrit à la deuxième personne du singulier. » Une écriture qui personnalise le rapport au spectateur et qui renforce l’intimité entre l’acteur et le personnage.

Sur les planches, Julien Kosellek met en scène trois comédiennes, indépendamment des genres dans la narration et le dialogue.« Cela multiplie les points de vue, explique-t-il. Car les souvenirs sont toujours flous, mélangés, partiels. » Le tout dans un décor minimaliste et transposable grâce aux multiples paysages sonores. Pour Magali Mougel, Lichen n’est autre qu’une tentative de réparation symbolique.

Sylvie Moisy

Du 12 au 27 janvier à 20h, au théâtre Antoine Vitez (1 rue Simon Dereure). Plusieurs « éclairages au bar » sont proposés à 18h, avant le spectacle.
Information et réservation : theatrevitez.fr ou 01 46 70 21 55.

La pièce manquante
Quelle serait la pièce pertinente et nécessaire au théâtre ? C’est à cette question que des citoyens volontaires ont tenté de répondre d’octobre à décembre 2023, en se réunissant chaque semaine, en présence d’estrarre, de Magali Mougel et du théâtre Antoine Vitez. Objectif : passer commande à l’auteure pour une mise en scène en novembre 2025.

 

Retour en haut de page