« Ce qui importe ce soir, c’est de valider un axe de travail, a rappelé le maire Philippe Bouyssou à l’occasion des troisièmes « Collectives du cœur de ville » du 29 novembre. Rien ne serait pire que de ne rien décider. » Il faut dire que du chemin a été parvenu depuis la dernière réunion publique du même type le 24 mai. Le groupement Tectōne-Wagon-Soletdev a retravaillé ses propositions à l’aune des retours des habitants, acteurs et usagers de l’hyper centre-ville consultés pour leur expertise d’usage tout au long du processus enclenché en septembre 2021. D’abord en confirmant de grands principes.
« Cœur de ville parc »
L’idée d’un « Cœur de ville parc » de 3,7 hectares, qui articule un réseau de squares et parcs, s’appuie sur une intervention forte pour l’ilot de la mairie avec la désimperméabilisation des sols (pour passer de 35 % des surfaces perméables aujourd’hui à 60 %, soit plus de 6000 m²), la plantation d’environ 65 arbres qui s’ajouteront aux plantations prévues dès 2024 place Voltaire, un renforcement des terrasses plantées… « La suppression du square Coutant n’entre-t-elle pas en contradiction ? », pointe un habitant. Les paysagistes de Wagon Landscaping répondent que « ce square sera maintenu à court et moyen terme et ses usages (dont la fontaine et le bassin) pourraient être conservés ailleurs par la suite ».
Apaiser la circulation
Le projet urbain insiste aussi sur un nécessaire apaisement de la circulation via une plus grande place laissée aux mobilités dites douces, le développement de parkings souterrains (Marat et sous les Cormailles) et un abaissement du flux des véhicules roulant notamment sur l’avenue Georges Gosnat et la rue Raspail. « Ce dernier point s’envisage à long terme et nécessite des études approfondies », précise Pascal Chombart de Lowe, architecte à la tête de la maîtrise d’œuvre.
Îlot de l’hôtel de ville
La question de l’avenir de l’îlot de l’hôtel de ville avait cristallisé les débats lors de la dernière réunion du 24 mai. « Il n’y a pas de solution idéale, avertit Pascal Chombart de Lowe. Mais le scénario prévoyant une tour a été rejeté. » Ce seraient donc des bâtiments traversants de quatre à dix étages (environ la hauteur de la cité Spinoza) qui seraient construits sur l’avenue Gosnat et l’arrière de la mairie, le marché se déployant sur l’esplanade. Le dépôt de permis de construire est envisagé pour 2026. « Il faut relativiser la question de la densité, prévient Fabienne Oudart, adjointe au maire déléguée au quartier centre-ville. Ivry compte 10 000 habitants au km². À Malakoff c’est 14 000, dans le XXe arrondissement de Paris, 32 000. Avec ces nouveaux immeubles, on est bien loin de la bétonisation.»
L’objectif du scénario retenu pour l’îlot est multiple : répondre au besoin de logements (environ 340 nouveaux créés), développer commerces, services et activités en rez-de-chaussée et participer à l’économie du projet urbain global. « Je souhaiterai, avec réalisme, que ces logements soient en accession, ce qui dégagerait de la taxe foncière, souligne le maire. D’autant que le reste du centre-ville est composé à 90 % de logements sociaux. Et il nous faut des leviers financiers. » L’évolution du cœur de ville, la redynamisation du Centre Jeanne Hachette et l’entretien représenteraient un coût de 38 millions €, soit bien plus que le budget d’investissement annuel de la Ville (30 millions €). Il faudra arriver à un équilibre financier avec ce que rapporteraient le produit de taxes fiscales (2 millions €), la vente de charges foncières (34 millions €) et diverses subventions.
Le Centre Jeanne Hachette
« Il y a un principe de vases communicants entre l’îlot de l’hôtel de ville et le Centre Jeanne Hachette », résume Sacha Lorand de l’agence Soletdev avant de présenter un premier calendrier d’actions pour ledit centre. Le pôle regroupant les services publics municipaux recevant du public, « un invariant » pour le maire, ouvrirait en 2027. Les cours d’arts plastiques seront rassemblés en même lieu en rez-de-chaussée en 2025. Les travaux de requalification de la promenée Marat débuteraient en 2025 en même temps que l’implantation d’ascenseurs pour desservir la galerie commerciale Marat puis le Centre Jeanne Hachette. Le pont Lénine sera préservé et des réflexions sur ses futurs usages engagées dès 2024.
Cette entrée dans une phase opérationnelle ne se fera pas sans les habitants. Le jury citoyen qui avait était constitué en janvier 2022 s’élargira à tout habitant volontaire pour devenir un comité citoyen de suivi. Ce comité sera constitué à l’issue du rendu de l’étude, d’ici deux mois. Avant cela, dès début 2024, deux ateliers de végétalisations participatifs seront lancés. Le premier est destiné à « décroûter le parking des communaux », comme le dit Fabienne Oudart, afin de permettre d’amorcer sur une partie la désimperméabilisation de ses sols. Le second lancera la requalification des abords des cités Thorez et du Parc. Un moyen d’être au cœur de l’action.
Thomas Portier