« La sécurité est un problème global, les caméras peuvent aider », affirme un Ivryen tandis qu’une habitante déplore le sentiment d’insécurité ressenti dans le centre-ville.« Est-ce qu’on pourrait appliquer la loi ? Sur la voie publique, il est interdit d’être en état d’ivresse et de faire des rodéos avec des motos ! », s’emporte une troisième participante. Le 12 septembre, à l’Espace Robespierre, l’impact des caméras de vidéo-surveillance dans les communes était au cœur d’une rencontre organisée par la Ville. Plus de 200 personnes y ont participé, témoignant de leurs intérêt pour le sujet.
En introduction, il a été rappelé la variété des dispositifs de captation d’images dans les lieux publics. Il existe même des caméras algorithmiques ou prédictives, susceptibles de repérer des agissements jugés suspects. Une loi vient d’autoriser leur utilisation à l’occasion des Jeux-Olympiques 2024 à Paris. « L’enjeu de la sécurité publique relève de la responsabilité de l’État et non des collectivités, rappelle le maire Philippe Bouyssou.C’est notre position politique. À notre niveau, nous avons opté pour la prévention. » Sarah Misslin, adjointe au maire en charge de la tranquillité publique et de la prévention de la délinquance, corrobore ces propos : « Nous essayons d’agir, en amont, pour éviter la délinquance. Il y a parfois des points difficiles comme devant l’église du centre où la police est également en échec face à de jeunes adultes en errance qui pratiquent le harcèlement de rue, des vols à l’arraché... »
Caméras contre les infractions sur la chaussée
Aux côtés des élus, des spécialistes des questions de sécurité étaient là telle Elizabeth Johnston, déléguée générale du Forum français pour la sécurité urbaine, une organisation transpartisane dont la majorité des villes membres ont recours à la vidéo-surveillance. Ivry en assure l’une des vice-présidences.
« Installer des caméras de vidéo-surveillance est une solution politique visible, explique-t-elle. À court terme, cela rassure, joue sur le sentiment d’insécurité mais les chiffres sur la résolution des affaires sont faibles. Ce n’est pas une baguette magique mais un outil au sein d’une stratégie. » Policier jusqu’en 2022, Fabien Bilheran fait part de son expérience au sein du commissariat de Colombes dans les années 2015. Dans cette ville de 80 000 habitants comptant une centaine de caméras, il s’occupait de sécurité publique, c’est-à-dire de la petite et moyenne délinquance. « Pour ma partie, les caméras servaient seulement à résoudre 4% des affaires, en raison de la mauvaise qualité des images et par manque de temps pour les visionner. La police judiciaire, dédiée à la grande délinquance, s’en sert davantage. » Au cours des échanges, il a été également abordé la question du marché très important que représente le déploiement de ces dispositifs numériques.
« J’ai été agressée à Paris, dans le XIIIème arrondissement, mon agresseur a été retrouvé grâce aux images », rapporte une participante. « Il faudrait moins de caméras de surveillance et plus d’humain, sur le terrain », pointe un Ivryen. « La police de proximité était très utile », souligne Fabien Bilheran.
Au cours du débat, la Ville a précisé qu’elle allait déployer une vingtaine de caméras de vidéo-verbalisation, dédiées aux infractions routières sur la chaussée. Cette décision a été prise lors du conseil municipal de juin. En conclusion, le maire a invité l’assemblée à poursuivre le dialogue lors des rencontres de quartier prévues à l’occasion du bilan de mi-mandat qui a lieu cet automne.
Catherine Mercadier