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Près de 200 Ivryennes et Ivryens se sont rassemblés à l’appel de la municipalité le 29 juin. © Mairie d'Ivry-sur-Seine - Marie-Pierre Dieterlé

« J’en appelle à la mobilisation citoyenne : apaisons cette situation pour que cette colère, légitime, puisse continuer à s’exprimer par des voies non-violentes, a exhorté le maire Philippe Bouyssou lors du rassemblement organisé par la municipalité devant l’hôtel de ville le 29 juin, deux jours après la mort de Nahel, le jeune de 17 ans tué par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre. Comment ne pas être indigné quand un dépositaire de la force publique censée protéger, assurer la sécurité de toutes et tous, tue un enfant dans de telles circonstances ? Comment ne pas se sentir révolté lorsque l’on se retrouve en face d’une telle injustice ? […] Un chantier de fond, résolument progressiste doit s’ouvrir pour refonder d’urgence le rapport police-population. Il faut repenser le rôle de la police, ses missions et condamner les dérives comme celles qui ont mené à la mort de Nahel. C’est le moyen pour redonner à ce corps de fonctionnaires d’État sa vraie fonction : protéger l’ensemble de la population, sans distinction. Il faut rendre possible l’expression de la colère autrement qu’en brûlant des véhicules ou qu’en s’en prenant aux édifices publics. »

Appel au calme

Dans la nombreuse assemblée d’habitantes et d’habitants, des discussions animées abordent les violences policières envers les jeunes, les humiliations lors des contrôles, la peur du risque d’escalade et qu’un policier récidive… « Je suis remonté, mais si on ne fait pas un appel au calme, on envoie nos gamins au casse-pipe. » ; « Les lois ne protègent pas les citoyens. Il faut que les policiers soient régulés d’une manière ou d’une autre. Moi, ça m’est arrivé de finir en garde-à-vue juste parce que j’ai parlé… La personne qui est morte, ça aurait pu être mon cousin, mon frère, c’est scandaleux ! » ; « Calmer nos enfants ? Encore faut-il que la police ne charge pas les adultes qui calment les enfants… »

Les nuits qui ont suivi la mort de Nahel ont été marquées par des émeutes et dégradations partout en France. Des élus ont été pris pour cible, à l’instar du maire de L’Haÿ-les-Roses. À Ivry, des voitures ont été brûlées, des magasins saccagés et pillés, des bâtiments publics attaqués…

Le 3 juillet à midi, des Ivryennes et Ivryens se sont rassemblés devant la mairie.« Il y a presque vingt ans, une flambée de violence avait eu lieu, suite à la mort de Zyed et Bouna en 2005 [à Clichy-sous-Bois, NDLR]. Vingt ans après, rien n’a été réglé sur le fond, au contraire. La vie des gens s’est plutôt dégradée. Le rapport entre la police et la population également,a rappelé le maire à cette occasion.Les plus anciens d’entre nous se souviennent de la police de proximité, des contractuels qui faisaient traverser les enfants devant les écoles… Petit à petit, ces missions, ainsi que des missions encore plus régaliennes de l’État, ont été transférées sans moyens aux collectivités territoriales. Ce qui crée aussi cette confusion qui fait qu’aujourd’hui, les maires, pour une partie d’entre eux, sont ciblés par des attaques odieuses.

Il n’est pas encore l’heure de tirer des conclusions face aux derniers événements. Mais il faudra que le temps de la parole politique intervienne pour changer ce qu’il y a à changer sur le fond. On a besoin encore plus d’éducation, de soutenir davantage les familles dans l’éducation de leurs enfants, on a besoin de plus de culture, de plus de sport, de tout ce qui crée du commun. Nous n’acceptons pas la violence, d’où qu’elle vienne : que ce soient les violences policières ou les violences des jeunes à l’encontre des véhicules, à l’encontre des commerçants… »

Le maire et les élus vont rencontrer les commerçants et vont aller dans les prochains jours à la rencontre des habitants dans les Maisons municipales de quartier.

Thomas Portier

Aide aux commerçants sinistrés
La Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Paris-ÎIe-de-France a mis en place un numéro d’appel pour accompagner les commerçants qui ont subi des dégradations de leur magasin. « Les équipes de terrain des huit CCI franciliennes sont mobilisées pour leur apporter le soutien et l’aide technique nécessaires, notamment en termes de poursuite d’exploitation, d’indemnisation par les assurances », détaille la CCI dans un communiqué
Le numéro, disponible au prix d’un appel local, est le 01 78 09 36 92. La CCI précise que l'État peut être conduit à prendre en charge, directement ou par l'intermédiaire de votre assureur, l'indemnisation des biens et des dommages corporels subis. Un dossier est à remplir et un dépôt de plainte est nécessaire. Pour un appui personnalisé, contactez la Chambre de commerce et d'industrie du Val-de-Marne : 07 62 04 22 61 ou nroubaud@cci-paris-idf.fr. Le secteur municipal du commerce va aller à la rencontre des commerçants concernés pour les aider dans ces démarches.

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