Êtes-vous prêts à marcher sur les pas des premiers habitants d’Ivry ? Au sens propre : fouler le sol qu’ils ont arpenté il y a plus de 6 000 ans de cela ? Oui ? Les 17 et 18 juin, ce sera possible lors des Journées européennes de l’archéologie. Rendez-vous sur le site de l’ex-BHV à Ivry-Port.
Depuis avril, et encore durant tout l’été, des fouilles sont réalisées le long du boulevard Paul Vaillant-Couturier. Il s’agit d’archéologie préventive, prescrite par les services de l’État, en amont de travaux d’aménagement prévus par l’aménageur public Sadev 94. Ces fouilles sont menées par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) en collaboration avec le Département du Val-de-Marne.
Mais qu’ont donc trouvé là les archéologues pour s’acharner à creuser le sol, petite truelle à la main, sous un soleil cuisant ? Attention, méga-spoils à venir : deux découvertes majeures ont été mises au jour. La première est un ensemble de bâtiments rectangulaires, onze au total, la plupart imbriqués, indiquant l’occupation de ce site sur environ 300 ans. Grosse particularité : ces fouilles sont les premières réalisées à l’intérieur d’une enceinte formée d’une palissade en bois. Une partie de cette dernière avait été découverte durant les fouilles réalisées en 2014 sur la parcelle voisine. Le tout datant du Néolithique, autrement dit « l’âge de la pierre nouvelle », celui de la pierre polie qui a vu l’apparition de l’agriculture et de l’élevage.
« Pour la première fois, nous avons identifié les vestiges de murs de terre crue malaxée, expliquait Fabrice Marti, archéologue de l’Inrap et responsable des fouilles, lors d’une visite pour la presse le 13 juin. Une telle concentration d’édifices est exceptionnelle. Beaucoup d’artefacts ont été trouvés, comme des morceaux de racloirs, de haches polies, des pointes de flèches et des objets en céramique. Mais très peu d’ossements, puisque tout était réutilisé, notamment pour fabriquer d’autres objets, de la colle… »
Autre découverte majeure : une tombe de la fin de la période gauloise. Saut dans le temps, nous voici donc entre -80 et -30 avant JC. « Le squelette est celui d’une femme allongée sur le dos, un bracelet en bronze au poignet, décrit Vanessa Bayard, archéologue œuvrant pour le Département. Elle avait été enterrée dans un coffrage en bois sur lequel avaient été posées, en offrande, deux vases en céramique. Il s’agit de la seule tombe de la fin de l’âge de fer dans le Val-de-Marne et la première à être fouillée selon les techniques de l’archéologie moderne. »
Un site, deux époques, et une ribambelle de témoignages touchants issus du quotidien de nos ancêtres. Rendez-vous les 17 et 18 juin ! Les enfants ne seront pas oubliés : deux ateliers leur sont consacrés : l’apprentissage des techniques de fouilles avec une tombe gauloise reconstituée et du modelage en céramique (gratuit, inscription sur place).
Ahmed Talbi
Journées européennes de l’archéologie : les 17 et 18 juin, de 11h à 18h. L’entrée du site se fait par la nouvelle rue Marguerite Thibert (le long de l’école Anne Sylvestre depuis l’avenue de l’Industrie).