Habitat squatté, dégradé, vétuste, mal entretenu, voire dangereux… Le 13 mars dernier, les conditions de vie au foyer Michelet étaient à l’ordre du jour d’une réunion organisée par le bailleur Adoma, filiale de CDC Habitat, en présence de la Ville et de plusieurs dizaines de résidents en détresse et en colère. Elle faisait suite à une précédente réunion publique, début janvier, sur la présentation de la future résidence sociale Michelet qui remplacera cet actuel foyer de travailleurs migrants dans le cadre d’une démolition-reconstruction.
De nombreux résidents étaient alors venus dénoncer leurs conditions de vie indignes avec le soutien du DAL (Droit au logement). Ils avaient interpellé Adoma. Le bailleur s’était alors engagé à trouver des pistes d’amélioration jusqu’à leur relogement programmé au plus tard début 2024.
Les aménagements apportés depuis n’ont pas suffi à rassurer les résidents qui ont une nouvelle fois sollicité l’aide des élus. Au conseil municipal du 16 février, une délégation de résidents a interpellé l’assemblée communale. Lors d’une interruption de séance, les résidents ont témoigné de leurs mauvaises conditions de vie et de sécurité et interrogé sur les solutions de relogement.
Face à cette situation inacceptable, Romain Marchand, premier adjoint au maire, Guillaume Spiro, adjoint en charge du lien aux bailleurs sociaux et délégué au quartier Monmousseau-Vérollot, ont adressé une lettre à Adoma le 28 mars dernier, l’appelant à « garantir au mieux le respect des droits des résidents. » Et de préciser dans ce courrier : « Si nous pouvons souligner des avancées positives, il subsiste néanmoins un certain nombre de demandes des résidents que nous considérons comme légitimes et qui permettraient d'améliorer sensiblement leurs conditions de vie dans cette période transitoire. »
Des demandes au bailleur
Face aux intrusions répétées qui font encourir de graves dangers aux locataires (tel que l’incendie de juillet dernier), la Ville demande à ce que les mesures de sécurité soient renforcées,« incluant probablement un vigile et un maître-chien jour et nuit, puisque les dispositifs précédents se sont manifestement avérés insuffisants ».
Concernant les procédures d'expulsion en cours, il est souhaité qu'« une attention particulière soit portée à la situation des résidents les plus en difficultés ». Les élus y seront particulièrement attentifs.
Certaines prestations facturées n’ont pas été fournies par Adoma (telle que le changement de draps). Aussi, lui est-il demandé de transmettre aux résidents un détail clair des charges facturées « au regard de la réalité des prestations assurées. » Par ailleurs, les élus appuient la demande des locataires de geler les loyers et d’être remboursés rétroactivement de l’augmentation annuelle appliquée (+3,5%).
Enfin, la Ville pointe la question du relogement à la veille d’une réunion avec le bailleur sur ce sujet, qui devrait se tenir le 6 avril prochain. Si la majorité des résidents pourront intégrer début 2024 la résidence sociale Barbusse actuellement en construction - et soutenue par la municipalité -, qu’adviendra-t-il des autres locataires ? Il est demandé à Adoma de « mobiliser l'ensemble des leviers et prioritairement le contingent d'attribution de CDC Habitat. […] Mais au-delà, [de] solliciter conjointement l'appui de la Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement afin qu'elle contribue aux relogements sur le contingent de l'État ».
Affaire à suivre.
Sylvie Moisy
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