Défricheur de son à la curiosité inassouvie et à la créativité non tarie, il est de ces artistes inclassables. À 66 ans, Thierry Müller conserve de sa prime adolescence un goût prononcé pour la musique expérimentale et l’électroacoustique. Depuis 1978, il a publié une vingtaine d’albums originaux sous son pseudo Ilitch et son anagramme Ruth M. Ellyeri pour ses projets personnels. Il a aussi collaboré à plus d’une dizaine d’albums sous son nom.
Parmi cette abondante création figure Polaroïd/Roman/Photo.Un disque de synth-pop signé Ruth en 1985 - vendu alors à une quarantaine d’exemplaires - et dont le titre éponyme est devenu… un tube planétaire depuis le début des années 2000 !« À l’époque, aucune major n’en a voulu ! explique-t-il. Quinze années plus tard, des DJ l’ont découvert. Le titre a été réédité sur de célèbres compilations. Et cela a fait boule de neige ! » De compils en rééditions, l’album est devenu cultissime.
Ses influences ? La musique expérimentale, mais aussi le rock progressif, le Krautrock, le répertoire classique - notamment russe… Sa musique se veut accessible, car mélodique. « C’est toujours mieux de ne pas jouer que pour soi ! s’exclame-t-il avec un brin d’ironie et de provoc. Ce n’est pas pour autant que je vais faire des concessions. Je fais ce que j’ai envie de faire. »
Hors-norme
Sa musique ne relève pas d’un style mais d’un univers. Aucun de ses disques ne ressemble à un autre. « Car il n’y a rien de plus ennuyeux que de faire deux fois la même chose. C’est comme cela que j’ai un public par disque ! » (Rires) La musique pour la musique ne l’a jamais intéressé. Elle est le canal privilégié par lequel il parvient à s’exprimer. S’il ne se revendique pas instrumentiste chevronné, cet autodidacte et bidouilleur d’instruments a plusieurs cordes à son arc : guitare, orgue, synthé, clavier, basse… Et toujours des histoires à raconter dans ses disques comme sur leurs pochettes qu’il réalise également. « L’image interfère sur ma musique et réciproquement. » L’image, la photo, le dessin (une passion depuis l’enfance), il en a fait son gagne-pain en tant que graphiste. « Ce qui m’a permis d’épargner pour la musique afin de rester complètement libre dans mes créations. »
Ivry est une ville que ce Parisien d’origine connaît pour y avoir vécu plus de dix ans et dans laquelle il s’est senti très bien. Au point d’être resté aujourd’hui ivryen de cœur et dans l’âme. « J’ai dû partir avec regret en raison du prix du logement… Même depuis que je suis vitriot, je suis resté un fervent adepte de la médiathèque d’Ivry ! » Tous ses CD disponibles y sont dans les bacs.
Et c’est avec bonheur et honneur qu’il sera le 8 avril à l’auditorium à l’invitation de la médiathèque, pour des ateliers et un concert, accompagné par Nowcut, un duo de lutherie sauvage formé par Stéphanie Briand et Philippe Desclais. Deux experts dans la fabrication d’instruments aussi étranges que familiers, faits à partir d’objets de récupération amplifiés (tubes en pvc, plaques métalliques, cordes ou bidons…). « Nous allons les présenter et nous essayerons de créer quelque chose ensemble. » Dans l’improvisation, en toute liberté.
Sylvie Moisy
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Minibio
2 avril 1957 : naissance à Montmorency.
1974 : 1er enregistrement sur K7.
1977-1979 : École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art.
1978 : 1er album Periodikmindtrouble signé Ilitch.
1980 : 1er succès avec 10 suicides signé Ilitch.
Depuis 1984 : graphiste et directeur artistique.
1985 :Polaroïd/Roman/Photo signé Ruth. Depuis les années 2000 devenu un tube planétaire.
Depuis 2004 : 22 nouveaux albums originaux publiés et de multiples rééditions.
Le 8 avril à l’auditorium Antonin Artaud de la médiathèque (152 avenue Danielle Casanova) :
- De 10h à 12h et de 14h à 16h : ateliers découverte de la lutherie sauvage (à partir de 10 ans).
- À 17h : concert.
Gratuits.
Sur réservation : sur place ou mediatheque.reservations@ivry94.fr
Exposition d’instruments de Nowcut dans le hall de la médiathèque.
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