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Après plusieurs mois d’exil, l’assemblée communale s’est de nouveau réunie dans la salle du conseil municipal de l’hôtel de ville. © Mairie d’Ivry-sur-Seine - Alex Bonnemaison

« Nos grandes orientations budgétaires ont pour but de faire en sorte qu’Ivry reste une ville populaire aux portes de la capitale et de maintenir des services publics de qualité, a résumé Ouarda Kirouane, adjointe au maire en charge des finances. Mais notre budget communal est sous pression comme jamais il ne l’a été auparavant, alors même que notre ville est en développement : vers 83 000 habitants en 2040. » Le contexte national n’aide pas. L’inflation est évaluée à 6%. Les taux d’intérêts augmentent (3 à 4 % en 2023 contre 1 % en 2022, ce qui correspondrait pour Ivry à une hausse de 600 000 €).

Quant à la crise énergétique, elle entraîne pour la Ville une augmentation de la facture de 3 millions d’euros, malgré les aides gouvernementales et le plan de limitation des consommations présenté en décembre. Les baisses de dotations de l’État se poursuivent. La dotation générale de fonctionnement disparaîtrait en 2024. « En dix ans, du fait de différentes réformes gouvernementales, ce sont 125 millions € qui ont échappé au budget communal, dont 16,5 millions € en 2022 », déplore l’élue.

Pour 2023, les recettes de fonctionnement s’établiraient à 167,6 millions € malgré le gel du taux de fiscalité pour la sixième année consécutive (mais une augmentation des bases fiscales de 7 % décidée par le Parlement). Côté dépenses, 60 % du fonctionnement sont dévolus à la masse salariale (90,1 millions €, soit 2,7 millions de plus qu’en 2022 du fait du dégel du point d’indice, des revalorisations dues à l’ancienneté et aux qualifications des agents et des besoins d’effectifs pour de nouveaux équipements).

Le programme d’investissement s’élèverait à 31 millions €pour le développement de la ville (achat de la crèche Toupty, soutien à la construction de logements sociaux à hauteur de 40 % dans toutes les nouvelles opérations, participation à la Zac Ivry-Confluences, développement de la Zac Gagarine-Truillot pour permettre la construction d’équipements publics, espaces verts, logements…), mais aussi pour l’adaptation au changement climatique et pour mieux économiser (passage de l’éclairage public en LED, réhabilitations thermiques). Ont été évoqués également, mais pour les années à venir, la réunion des services municipaux accueillant du public dans le Centre Jeanne Hachette, regroupement des services techniques…).

Fière

Sur ces deux derniers points, Sébastien Bouillaud (Ivry Autrement), estime qu’il s’agit d’une « réorganisation importante mais qui concerne davantage les agents communaux que les habitants. Le rapport d’orientation budgétaire marque surtout une continuité par rapport à 2022 et manque de perspectives au-delà de 2023. Et aucun euro supplémentaire n’est affecté à de nouvelles politiques publiques.» Kheira Freih Bengabou (Ensemble pour Ivry - Europe Écologie Les Verts) n’a « pas la même lecture que M.Bouillaud : nous sommes à la hauteur aujourd’hui ! ». Elle est rejointe en ce sens par Sarah Misslin (Ensemble pour Ivry - Parti communiste français) qui se dit « fière de la combativité de notre Ville,  fière de nos ambitions, fière de nos agents et agentes ». Clément Pecqueux (Ensemble pour Ivry – GénérationS) estime quant à lui qu’il faut « repenser la fiscalité publique » au niveau national et que si « cette année encore, nous avons pris un coup de massue, nous ne renonçons pas, malgré le fait que les recettes des collectivités locales s’effritent d’années en années ».

Thomas Portier

Ivry-Confluences en bilan

Le conseil municipal a examiné le bilan de zone d’aménagement concerté (Zac) Ivry-Confluences pour l’année écoulée. L’occasion de faire le point sur les avancées en terme de logements, espaces verts, équipements publics et activité économique.

Chaque année Sadev94, l’aménageur de la zone d’aménagement concerté (Zac) Ivry-Confluences, remet à la Ville le compte-rendu annuel à la collectivité locale, un document permettant de suivre l’avancée de l’opération notamment dans ses aspects juridiques et financiers. Depuis 2012, cet écrit est accompagné d’un bilan annuel réalisé par les services municipaux. « Je voudrais signaler ses points saillants et les enseignements qu’on peut en tirer », a annoncé Romain Marchand, premier adjoint en charge de l’aménagement de la ville.

Logement
Côté habitat, 2 135 logements ont été livrés en 2022. 509 logements ont été commercialisés avec les nouveaux prix de sortie décidés l’année dernière (6400 € le m²) dans le cadre de la reprogrammation de la Zac visant à équilibrer son bilan à terminaison. « Seuls 17 % ont été réservés et pour seulement un tiers par des Ivryens, une baisse significative, fait remarquer le premier adjoint.Il est un peu tôt pour en tirer des enseignements, d’autant qu’en terme de commercialisation, l’année 2022 a été exceptionnelle dans le mauvais sens du terme sur l’ensemble du territoire et l’ensemble des promoteurs. »

Espaces verts
Par ailleurs, les 3 250 m²de la pelouse Gambetta ont été livrés et une large concertation a été lancée sur les futurs espaces végétalisés (places de nature) : les parvis des écoles Anne Sylvestre et Rosalind Franklin, le jardin Jaurès et la prairie des géants, première tranche du grand espace vert en bord de Seine le long de l’usine CPCU. « On est clairement en train de changer de braquet sur ce sujet », considère Alain Buch, adjoint délégué au quartier Ivry-Port.

Un constat partagé par Clément Pecqueux (Ensemble pour Ivry - GénérationS) qui demande en sus qu’une « cartographie des espaces imperméabilisés et désimperméabilisés de cette ville soit réalisée et que ce soit l’un des indicateurs principaux des prochaines discussions que nous aurons sur les espaces verts. »
Kheira Freih Bengabou (Ensemble pour Ivry – Europe Écologie Les Verts) reste « vigilante quant à la végétalisation de cette Zac qui ne va pas assez vite. Et comme par ailleurs, il nous faut travailler à une charte pour les promoteurs immobiliers, on va s’abstenir sur ce point. »

Activité économique
« Nous constatons également plus qu’un frémissement sur la question du développement économique qui était l’une des difficultés importantes du projet depuis le début », a souligné Romain Marchand. Pour preuves : la livraison de l’immeuble Youri sur la place Gambetta, le chantier Ivrywood (agrandissement du studio Kremlin rue Lénine), les deux immeubles de bureaux rue Rigaud et sur le site Sernam (ce dernier mené par la Caisse des dépôts et consignations qui n’y installera cependant pas ses salariés), des travaux d’hôtels d’entreprise sur l’îlot du BHV et un appel à manifestation d’intérêt lancé par Sadev94 pour l’occupation de la halle située le plus au sud sur les bords de Seine. Sans compter, autour de l’opération, des locaux d’activités impasse Prudhon, la halle Witchiz racheté par les garagistes Mannes, la livraison en septembre de toute l’opération dite Le Monde, une entreprise qui s’installe dans l’immeuble Saint-Raphaël, des commerces qui ouvrent le long de l’avenue Paul Vaillant-Couturier…

Équipements publics
Côté équipements publics, on compte la livraison en 2022 de l’école Anne Sylvestre et du gymnase Micheline Ostermeyer. Un grand équipement public lié à la vie associative et démocratique est programmé sur l’ancienne halle de vente du BHV. Les Bergers en Scène y seront réimplantés. Quant au collège Assia Djebar, les voyants sont au vert depuis sa dépollution, mais l’Agence régionale de santé demande un délai de contrôle supplémentaire de six mois.

Culture
Au sujet de l’accompagnement culturel, le premier adjoint a indiqué que « des œuvres d’art ont été soit choisies soit livrées cette année. Et une résidence de l’artiste Mirela Popa démarre à l’école Anne Sylvestre ». Méhadée Bernard, adjointe au maire en charge de la culture approuve : « Tout cet art implanté dans l’espace public participe à donner une autre image à ce projet ».

Passerelle
Pour Sébastien Bouillaud du groupe Ivry Autrement « les inquiétudes sont vives sur certains sujets. Le manque d’attractivité perdure d’Ivry Confluences avec peu de réservation de logements. Quant aux futurs espaces verts, ils tardent clairement à arriver. Les ambitions d’équipements publics sont revues à la baisse avec le passage de cinq à trois crèches ou le report sine die de la passerelle publique au-dessus des voies ferrées. »

Sur la question de la passerelle, « est-ce à la Zac ou à la SNCF de prendre en charge le projet ? », interroge Alain Buch (Ensemble pour Ivry – Ensemble). « On ne se posait pas cette question quand elle était intégrée dans la Zac, rétorque Sherazeed Boulkroun (Ivry c’est vous !). Il n’empêche que cette passerelle permettrait de relier deux quartiers de la ville. Le manque d’accès à Ivry-Port pose problème, notamment au vu de la sectorisation des collèges et de la destruction prévue du collège Politzer. La ville est coupée en deux, ce qui a un impact sur l’attractivité d’Ivry-Confluences. »

Le maire Philippe Bouyssou « partage totalement ce point de vue sur la nécessité de la passerelle piétonne. Je pense que le financement, que j’estime à 20 millions €, devrait être pris en charge en partie par la Zac Ivry-Confluences et en partie par la Zac Gagarine-Truillot ».

Bilan financier
« Le bilan prend acte d’un déficit de 270 millions € pour la Zac », s’alarme Sébastien Bouillaud. « Ce chiffre vaut pour 2021, rappelle Romain Marchand.On parle de trésorerie : il y a effectivement plus de dépenses engagées par l’aménageur que d’entrées de recettes. Mais c’est l’aménagement qui veut ça : pour vendre des terrains, des logements et des bureaux, il faut d’abord acheter les terrains, les remettre en état, les aménager pour pouvoir engranger des recettes. L’ampleur de l’opération fait qu’une trésorerie importante est “dehors” mais tout cela fait l’objet d’un contrôle attentif par la Chambre régionale des comptes. »

Philippe Bouyssou renchérit : « Nous voulons qu’Ivry reste une ville populaire aux portes de la capitale et que toutes nos opérations comprennent 40 % de logements sociaux. Si nous voulions faire une ville dortoir, nous n’aurions fait que du logement en accession à la propriété à des prix beaucoup plus hauts que ceux que nous pratiquons avec l’aménageur public. La Zac serait non seulement à l’équilibre mais elle serait excédentaire ! Heureusement que nous avons pris tous ces risques, parce que dans la première partie de l’opération, ce sont plus de 50 % d’Ivryens qui ont acheté des logements, et pas seulement des nouveaux habitants. »

Le maire a conclu en estimant que « nous avons mangé notre pain noir sur ce projet d’aménagement. Il reste beaucoup à faire mais je suis plutôt serein et confiant pour l’avenir. »

Thomas Portier

Le foyer au conseil

Lors d’une interruption de séance, une délégation de résidents du foyer Michelet, voué à la démolition, a interpellé l’assemblée communale pour évoquer leurs mauvaises conditions de vie et de sécurité et interroger leurs solutions de relogement.

« Nous sommes des habitants d’Ivry. Si nous avons des problèmes, nous nous adressons au maire. Et nous avons de gros problèmes sur le foyer, a déclaré le représentant des résidents du foyer de la rue Michelet pour travailleurs migrants, avant que ne commence la séance du conseil municipal. On se sent abandonnés. Adoma [bailleur social, NDLR] ne s’occupe pas de nous. » En cause leurs conditions de vie et de sécurité. « Nous payons 360 € pour 7 m², ce n’est pas normal. Et nos charges ont été augmentées en janvier. Côté sécurité, cela ne va pas non plus depuis l’incendie du mois de juin. Des squatteurs nous ont pris notre foyer, nous ne dormons pas tranquilles. Ils nous agressent. Ils nous ont pris nos cuisines. Et Adoma n’a pas mis en place d’équipe de sécurité alors que nous l’avions demandé ». Le foyer doit par ailleurs être démoli. Une autre résidence sociale remplacera en fin d’annéel’actuel foyer Michelet, situé au numéro 4 de la rue du même nom. « Comment vont être logés ceux qui vont rester dans le foyer actuel ? », interroge le représentant des habitants.

Mobilisation

Guillaume Spiro, adjoint au maire en charge des relations avec les bailleurs sociaux et délégué au quartier Monmousseau-Vérollot a répondu : « À Ivry, nous nous efforçons que tout le monde trouve sa place. Nous sommes mobilisés auprès du bailleur sur les sujets de sécurité, de conditions de vie et de relogement des résidentes et des résidents. En témoignent les différents courriers adressés aux bailleurs. En témoigne notre soutien à la mobilisation qui a eu lieu en janvier 2021 pour dénoncer les problématiques de conditions de vie dans le bâtiment, notamment des femmes. En témoigne enfin le fait que la Ville accompagne depuis cinq ans le projet de démolition-reconstruction qui a fait l’objet de la réunion publique d’information que nous avons organisée le 9 janvier dernier en présence du bailleur. Je tiens à rétablir une vérité : il n’y a aucun mouvement d’expulsion visant à réduire le nombre de résidents.».

Travaux

Il a rappelé que des travaux ont été entrepris pour remettre en état le hall d’entrée, les fenêtres et les ascenseurs et les différentes installations électriques et gaz. Différentes ouvertures, comme le parking ou les rez-de-jardin, ont été condamnées pour éviter l’occupation illégale du site. Adoma a renforcé le gardiennage. « Nous avons bien conscience que tout cela n’est pas suffisant et ne règle pas l’ensemble des problèmes du quotidien, a convenu l’adjoint au maire. Cela démontre bien que le foyer est en fin de vie et que la seule issue est sa démolition-reconstruction. »

Sur le relogement, depuis le début du projet, des solutions sont proposées dans la résidence Barbusse qui sera prête fin 2023. De plus, une mission de diagnostic social est menée par le bailleur pour accompagner les résidents. Depuis, vingt-deux résidents ont été relogés dans le parc social ou des résidences sociales. Plus de la moitié souhaite être relogée sur le site Barbusse. L’autre partie souhaite intégrer du logement social. En parallèle du diagnostic, la Ville instruit les demandes de logements sociaux des résidents souhaitant rester à Ivry, en fonction de la cotation municipale. « Nous resterons vigilants auprès d’Adoma pour que ces relogements soient effectifs et que les résidents souhaitant intégrer le logement social soient accompagnés dans leurs démarches », a indiqué Guillaume Spiro.

Le maire Philippe Bouyssou a renchéri : « Adoma a les moyens d’assumer les relogements des résidents qui vivent aujourd’hui des conditions que l’on sait tout à fait intolérables. Sur les squats des parties communes, il faut également des moyens de coercition face aux actes de délinquance. Il revient à Adoma et à la police nationale de résoudre ces questions. L’exigence de la Ville d’Ivry auprès d’Adoma c’est que l’intégralité des résidents actuels, y compris surnuméraires, puissent trouver des solutions de relogement. Nous allons continuer à nous employer à résoudre cette situation au mieux de vos intérêts. »

Thomas Portier

En bref

Séisme
Le conseil municipal a voté une contribution de 2000 € au fonds de solidarité « Urgence séisme Turquie-Syrie » lancé par la Croix Rouge et le Secours Populaire français pour soutenir les secouristes, fournir des stocks de nourriture, de tentes de couvertures, distribuer des repas chauds et contribuer à soutenir médicalement les victimes des violents tremblements de terre qui ont eu lieu le 6 février dans le sud-est de la Turquie.

Ehpad
L’assemblée communale a approuvé la convention de partenariat avec l’Ehpad de L’Orangerie sur l’intervention des bibliothécaires municipaux auprès des personnes âgées dépendantes : dépôt et retour de documents prêtés (livres, CD, textes lus), mis à dispostiion outils d’accès à la lecture (lecteurs Daisy), temps de discussion culturelle.

Foncier
Les élus ont approuvé la promesse de vente qui va être conclue entre la Ville et les sociétés Er’créa et Sogeprom sur la parcelle de terrain comprise entre le 8 rue du 19 mars 1962 et le 9 rue Alexis Chaussinand. Cette parcelle est contiguë au terrain où est édifié le collège du Plateau et son gymnase. Ce terrain à bâtir d’une surface de 2136 m² permettra d’y construire 3750 m² de surface de plancher pour des logements en accession libre, 1250 m² pour des logements en bail réel solidaire (BRS) et cinquante places de stationnement en sous-sol. Le prix de vente a été fixé à 4, 8 millions € nets (hors droits et taxes).

Ingénierie
La commune adhère au Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), un pôle d’expertise et d’ingénierie de l’État créé en 2014. Cela permettra aux élus et agents municipaux de bénéficier de formations, d’accéder aux ressources documentaires du Cerema… Clément Pecqueux, adjoint au maire en charge de l’écologie urbaine, a été désigné pour représenter Ivry à la gouvernance de cet établissement public.

Cycles
Dans le cadre de la convention signée entre la Ville et le Syndicat mixte Autolib’ et Vélib’ Métropole, un avenant élargit l’offre du service Vélib. Une station supplémentaire sera mise en service avenue de l’Industrie fin 2023- début 2024. Une future seconde station sera implantée dans le même quartier, dont la localisation et la date d’implantation restent à déterminer. L’offre de Vélib’ à Ivry passera donc de 17 à 19 stations.

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