« Des familles n’ont pas de toit ! Elles sont suivies de façon très précaire par le 115 [numéro d’appel d’urgence pour les sans-abris]. Un jour, elles sont logées à Ivry, puis dans le 77, le 91, ou en province. Elles dorment parfois dehors. C’est très dur émotionnellement. Les enfants doivent rester à leur place d’enfants ! » Devant la maternelle Maurice Thorez, ce 6 février à 16h30, Assa (qui vient de prendre la parole), Julie, Tifenn et d’autres parents ont installé une grande table garnie de gâteaux « maison ». Un goûter solidaire organisé pour alerter sur la situation de trois familles de l’école.
Mi-janvier, pour cause de travaux, celles-ci ont été brusquement expulsées de l’hôtel social où elles demeuraient depuis deux ans. Reconnues réfugiées politiques ou en passe de l’être, elles avaient respectivement scolarisées Aïcha, 9 ans, Sydou, 8 ans, et Farah, 8 ans, dans le groupe scolaire du Petit-Ivry, proche de leur lieu d’habitation. Or le 115 les a relogées à Goussainville, Villeneuve-le-Roy et Torcy. Le matin, Farah doit ainsi se lever à 5h pour rejoindre sa classe.
Hébergement indécent
L’enseignante Marion Jamet, qui a eu Aïcha comme élève en CE1 l’an dernier, s’indigne de leurs conditions d’hébergement : « C’est un hôtel sans eau chaude, sans four à micro-ondes pour chauffer les repas et des punaises de lit ! Comment une petite fille, qui s’inquiète pour sa famille, peut-elle continuer à apprendre ? ». Les parents de l’école se mobilisent aussitôt, accueillent les enfants chez eux et sollicitent leurs homologues de L’Orme-au-chat qui ont créé le collectif « Pas d’enfant sans toit », en lien avec le réseau national éponyme, et ont réalisé des parrainages.
Dans l’école d’Ivry-Port, une maman sans domicile fixe a même dormi une nuit devant la porte de l’hôtel avec son fils de 3 ans car quand elle était arrivée à 19h20, le gardien était parti. La Ville et le Comité ivryen de vigilance contre le racisme (CIVCR) soutiennent aussi les parents. Trois élus, Alain Buch, Estelle Boufala et Bernard Prieur, participaient au goûter solidaire. Ce dernier a rappelé : « Un toit est un droit, le plus essentiel, d’autant plus quand il y a des enfants. » Pourtant, les places d’hébergement d’urgence manquent cruellement partout en France et il faut lutter pour trouver un toit.
Catherine Mercadier
Besoin d’aide ?
Contactez les associations de parents d’élèves de l’école de votre enfant (FCPE, Cipei) ainsi que le collectif « Pas d’enfant sans toit » à Ivry (n.bramardi@outlook.com). Plus d’infos surwww.eleves-sans-toit.fr.
Le Collectif ivryen de vigilance contre le racisme et pour l’aide aux sans-papiers (CIVCR) est également mobilisé (civcr94@gmail.com). Permanence : mercredi de 17h à 19h, et samedi de 10h à 12h (3 allée du Parc, près de l’école Einstein).
