La rue s’est glissée dans les espaces en sous-sol de la galerie Fernand Léger. Des plantes vertes, surgies à la faveur d’interstices dans le bitume et le béton, se sont répandues dans les différents niveaux du bâtiment conçu à l’origine pour être un cinéma.
Au cours de dérives urbaines à Ivry, l’artiste Bernard Calet a rencontré une soixantaine d’espèces sauvages, sur des friches, en bordure de rues ou à ras de trottoir. Déplacées à la faveur d’un oiseau, d’une semelle ou d’un coup de vent mais aussi des transports commerciaux, ces plantes prennent racine, habitent et transforment le sol. Elles constituent l’une des matières premières du plasticien.
« Cette exposition est pensée comme une promenade entre de multiples univers qui cohabitent et où s’entrecroisent plusieurs temporalités, explique-t-il. Mon travail est irrigué par les concepts de transports, translations, déplacements réels et virtuels. » Ici, un assemblage de palettes de transport de marchandises moulées en béton et assemblées comme une ossature de bâtiment. Ces modules qui accueillent du végétal, entrent en résonance avec l’architecture environnante. Là, d’autres plantes sont présentées en attente, comme des figurants sur un plateau vert et bleu, les deux couleurs utilisées dans les studios de cinéma.
L’exposition Entrelacs prend racine et fait écho à une première intervention de l’artiste à Ivry. En 2003, dans le cadre de la bourse d’art monumental de la ville, il réalise l’œuvre Géographie commune. Sur une image satellitaire, des adverbes de lieu traduits en différentes langues avec la collaboration d’habitants proposent une toponymie imaginaire. Dans l’enceinte du groupe scolaire Dulcie September, cette nouvelle cartographie, évocatrice de pays proches ou lointains est comme une invitation aux voyages.
Mathieu Oui
Entrelacs, de Bernard Calet, à la galerie Fernand Léger, 93 avenue Georges Gosnat, jusqu’au 18 mars (du mardi au samedi de 14h à 19h ou sur rendez-vous).
Vernissage jeudi 12 janvier à 18h.
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