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« Dark was the night relate » avec une profonde sensibilité un voyage intersidéral empreint d’humanité. © Pascal Gely

Ivry ma ville : Comment êtes-vous venu à vous intéresser à cette incroyable histoire ?

Emmanuel Meirieu : Pendant le premier confinement, j’ai vraiment eu besoin de m’évader. J’ai regardé tous les grands films américains d’évasion. Puis j’ai trouvé cette histoire de la sonde Voyager à 25 milliards de km de la Terre alors que notre planète était devenue une immense prison. En creusant, j’ai découvert le Voyager Golden Record [lire l’encadré], le disque d’or envoyé dans ce vaisseau spatial. Et notamment la présence de la chanson de Blind Willie Johnson, Dark was the night, cold was the ground. C’est le plus beau monument aux oubliés !

Ivry ma ville : La vie et la mort de Blind Willie Johnson ont été pourtant au-delà de l’imaginable…

Emmanuel Meirieu : Oui, il y a une part tragique. Mais ce qui est beau, c’est que justice lui a été rendue. Sur ce disque d’or, il n’y a que 27 morceaux. Lui, c’est le 26e, juste avant Beethoven. Notre espèce a été capable de cet hommage, posthume bien sûr. Des gens ont décidé que cet être humain-là allait nous représenter pour un milliard d’années ! Ce vaisseau spatial va survivre possiblement à la mort de notre soleil et à notre extinction. C’est assez magnifique que cette sonde soit comme un monument à Willie et, à travers lui, à tous les autres oubliés. Moi, mes héros n’ont pas de statues sur les places publiques.

Ivry ma ville : Dark was the night est-il un biopic ?

Emmanuel Meirieu : Ce n’est pas un spectacle sur la vie de Blind Willie Johnson. C’est un récit croisé entre celui d’un petit garçon qui, à 7 ans, dit « Bonjour » en français sur ce disque d’or et qui, depuis, a grandi. Et le récit d’un homme à la recherche de la tombe de Willie, enterré dans un ancien cimetière d’esclaves de la banlieue de Beaumont, au Texas.
Et il y a sa chanson… Parce que c’est aussi l’hommage à un pionnier du blues qui a inspiré d’immenses musiciens.

Propos recueillis par Sylvie Moisy

Du 8 au 14 décembre, au Théâtre des quartiers d’Ivry-CDN du Val-de-Marne (1 place Pierre Gosnat). Réservation : 01 43 90 11 11 ou par Internet

Plus d’infos

Le Voyager Golden Record
En 1977, la Nasa envoie dans l’espace la sonde Voyager embarquée d’un disque d’or avec 118 photos, des salutations d’humains en 55 langues et 27 musiques.
Parmi elles, Dark was the night, cold was the ground [Sombre était la nuit, froid était le sol] de Blind Willie Johnson (1897-1945), bluesman noir américain, aveugle, pauvre, décédé à 40 ans d’une pneumonie dans la rue après l’incendie de sa maison et avoir été refusé par les hôpitaux.

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