« Nous accueillons des enfants en situation de handicap, ils représentent une richesse pour l’école mais nous n’avons pas de personnel suffisant pour les accompagner ! », déplore au mégaphone Bertrand Quinet, directeur de l’élémentaire Makarenko. Ce 14 octobre à 8 h 20, les enseignants de la maternelle et de l’élémentaire ont échangé avec les parents sur leurs difficultés. Une classe Ulis de 11 élèves (Unité localisée d’inclusion scolaire) a été ouverte en septembre avec une enseignante et une seule Accompagnante pour ce groupe d’élèves en situation de handicap (AESH). Ils sont atteints de Troubles du spectre autistique (TSA) ou bien de Troubles des fonctions cognitives (TFC). « Ponctuellement, pour certains cours, les enfants scolarisés en Ulis viennent dans les classes banales, dites d’inclusion, mais ils n’ont pas d’adulte pour les aideret les sécuriser, explique Aurélie Aubert, enseignante en CE1. Au bout d’un moment, ils peuvent ressentir une surcharge mentale et physique, faire des crises, s’enfuir de la classe. C’est ingérable et douloureux pour tout le monde. » Cinq semaines après la rentrée, l’équipe enseignante est en souffrance de ne pouvoir offrir un accueil digne et de qualité à ces enfants. Leur banderole résume la situation : « Inclusion, oui. Garderie, non. » « Mes élèves ainsi que neuf autres qui étaient déjà scolarisés à l’élémentaire Makarenko l’an dernier ont été "notifiés" par la Maison départementale du handicap (MDPH) comme nécessitant une AESH. Selon leurs troubles, ils peuvent avoir besoin d’une AESH individualisée à temps plein, ou collective, rappelle Mélanie Chatelier, enseignante de la classe Ulis. Cette notification est un droit. Le discours officiel est de prôner une école inclusive mais sans nous donner les moyens humains et techniques suffisants ! »
Valoriser les accompagnants
Solidaires de l’équipe enseignante, les parents condamnent cette situation de pénurie et font signer des pétitions de soutien. Certains vont saisir la Défenseure des droits à titre individuel pour pointer la défaillance de l’État dans la scolarisation des enfants en situation de handicap. « Mon fils, né grand prématuré, a un retard mental. Depuis sa naissance, depuis 7 ans, je me bats pour lui, notamment pour qu’il aille à l’école car il adore y être,explique Karim Haffaf. Il nous faudrait davantage d’AESH et qu’elles soient mieux valorisées. » Les AESH gagnent en effet en moyenne 800€ par mois. Maillon essentiel pourtant : il n’y a tout simplement pas d’école inclusive de qualité, sans leur accompagnement. D’autres mobilisations sont en cours de réflexion.
Catherine Mercadier