Ivry ma ville hebdo : Comment êtes-vous venu à la musique ?
Guillaume Moll : Je suis originaire d’un petit village de Moselle, et issu d’un milieu modeste. Mes parents ne sont pas du tout musiciens et je ne savais pas vraiment ce qu’était la musique classique. Comme beaucoup de jeunes de l’Est ou du Nord de la France, j’ai commencé dans une école de musique rattachée à une harmonie municipale. Pendant un cours de solfège, est venu se présenter le professeur de cor d’harmonie pour faire une démonstration.
Si j’ai alors choisi le cor vers 8-9 ans, c’est plus parce que le professeur avait l’air hyper sympa que pour l’instrument lui-même ! J’avais besoin de cette relation au professeur. On jouait pour les défilés du 14 juillet, du 11 novembre… Nous avions une programmation de concerts aussi. J’ai failli arrêter assez tôt, car les premiers mois, je n’y arrivais pas… Mais au bout d’un moment, cela s’est enclenché d’un coup !
Ivry ma ville hebdo : Quelle a été votre expérience du conservatoire en tant qu’élève ?
Guillaume Moll : Sur les conseils de mon professeur de cor, je suis allé au conservatoire à rayonnement régional de Metz. Au début, pour moi qui venait de mon petit village, cela a été un peu dur, car c’était une grosse structure. J’y ai poursuivi mes études musicales tout continuant d’aller à l’école de musique de Bouzonville parce qu’il y avait une ambiance hyper familiale. Cette ambiance familiale, j’essaie de la reproduire là où je vais, car c’est dans ces moments-là qu’on progresse le mieux. Puis je suis entré en Cham (classe à horaires aménagées musique) au lycée Fabert à Metz. Tous les après-midis, nous allions travailler au conservatoire. C’était des superbes années !
Ensuite, j’ai fait une licence de musicologie tout en me formant à la direction d’orchestre, discipline qui m’a toujours attirée. Et je suis venu à Paris au conservatoire du XVe arrondissement poursuivre ma formation.
Ivry ma ville hebdo : Ivry et son conservatoire ne vous sont pas inconnus…
Guillaume Moll : Je me suis toujours dit : « Assure tes arrières si jamais cela ne fonctionne pas la musique ! Et élargis un peu ton spectre ». Donc j’ai fait un master de politique culturelle à Diderot Paris VII. C’est dans le cadre de mon stage de fin d’études qu’en 2015, j’ai découvert le conservatoire d’Ivry. Peu après, l’établissement m’a rappelé et j’ai été chargé d’action culturelle et de la communication de 2017 à 2019.
Puis je suis parti au conservatoire à rayonnement départemental de Saint-Germain-en-Laye sur un poste de responsable administratif. Aujourd’hui, je suis très heureux d’avoir été nommé au poste de direction et de revenir à Ivry. C’est un bel, un superbe héritage ! Jean-Michel Berrette [Ndlr : ex-directeur parti à la retraite] a fait un boulot extraordinaire. Il y a une équipe de profs très dynamiques. C’est un conservatoire qui bouge. Pour un directeur, c’est un outil formidable.
Ivry ma ville hebdo : Quelles sont les spécificités de notre conservatoire municipal ?
Guillaume Moll : Il a une identité forte. Il existe peu de villes où il se passe autant de choses dans un conservatoire. Nous avons la chance d’avoir une saison artistique, des moyens pour ça, et des lieux aussi (la médiathèque, le théâtre…). Il y a également les classes Cham du collège Politzer qui sont totalement gratuites. C’est vraiment un dispositif génial pour les élèves. Ce sont des après-midis libérées pour venir travailler au conservatoire.
Particularité essentielle du conservatoire, tout est au quotient familial, c’est-à-dire à la tarification sociale, quelles que soient les disciplines en danse ou en musique. Nous essayons de nous ouvrir au maximum.
Ce que je nous défendons, c’est l’art pour tous, la pratique artistique pour toutes et tous. C’est pour cela notamment que nous allons développer des interventions en milieu scolaire. C’est dans cet objectif-là. Pour montrer que les artistes vont aussi au-devant et que l’on peut soi-même venir au conservatoire.
Ivry ma ville hebdo : Quels sont vos projets pour l’équipement ?
Guillaume Moll : Porter le conservatoire encore plus loin ! J’ai des idées que je vais travailler avec les professeurs. En danse - qui fait partie intégrante de l’histoire du conservatoire -, il faut continuer à construire le cursus et créer des passerelles avec la musique. Cela peut passer par des résidences d’artistes. Il y a aussi la place à l’improvisation qui est une chose très importante pour libérer les élèves, les valoriser, qu’ils se sentent bien dans leur pratique. Le numérique est également un enjeu auquel nous devons nous adapter. La musique assistée par ordinateur pourrait par exemple être plus en lien avec les cours de formation musicale, sans compter les enregistrements en studio, le travail sur le son, la création des élèves.
Il nous faut coller aux défis actuels. L’accueil des personnes en situation de handicap est une question qu’il faut continuer à creuser. Les heures de la référente handicap au conservatoire ont doublé cette année, passant à 10 heures par semaine
Je suis évidemment très attaché à la pratique collective que je souhaiterais accroître. Le cours individuel doit servir la pratique collective. Cela peut être le cours d’orchestre, de chorale, l’harmonie, les ensembles de cuivres… Il faut continuer à les développer. Ce sont des choses qui me plaisent beaucoup.
Enfin, il est important de nous ouvrir davantage en jouant encore plus hors les murs, notamment dans les écoles, les Maisons de quartier, et pourquoi devant des associations, chez des particuliers... Faire des projets sur la ville avec le TQI, le Duende, le Crédac, Le Luxy… Il y a plein de choses à imaginer. Il ne faut pas qu’il y ait de barrières.
Ivry ma ville hebdo : Quels sont les valeurs portées par le conservatoire ?
Guillaume Moll : L’héritage du conservatoire c’est l’exigence, qu’elle soit musicale ou chorégraphique. C’est la belle phrase d’Antoine Vitez : « Élitaire pour tous ». C’est quelque chose vraiment auquel je crois. Quels que soient les cultures, les publics, les origines… il faut vraiment avoir la même exigence pour tous nos élèves. C’est comme cela que l’on « tire vers le haut », que l’on apprend à vivre ensemble à travers les pratiques collectives notamment. Le goût de l’effort est aussi quelque chose qui me parait important, qui est porteur. Voilà, faire communauté. Et cela apprend aussi l’engagement, qui est une valeur forte.
Ivry ma ville hebdo : Deux mots sur la programmation de cette année ?
Guillaume Moll : C’est une saison créée par Jean-Michel Berrette avant son départ. C’est hyper intéressant. Tous les conservatoires n’ont pas un programme aussi étoffé, de concerts mais aussi d’ateliers, avec souvent la participation des élèves au concert. Il y a toujours La Camera delle Lacrime, Le Concert impromptu, le Quatuor Parisii, Les Talens lyriques, et aussi beaucoup de nouveaux artistes. Cette année, Les Paladins, ensemble de musique baroque sont en résidence au conservatoire. J’aime les rencontres un peu détonantes qui décloisonnent les univers, les styles et les époques. C’est un axe que j’aimerais donner à la future programmation. C’est toujours de la rencontre d’univers différents dont sortent des choses extraordinaires.
Propos recueillis par Sylvie Moisy.
Conservatoire municipal de musique et de danse : 28 bis rue Saint-Just. 01 49 60 26 95 - Sur internet
Il n’est pas trop tard pour s’inscrire
Les demandes d'inscription pour l'année 2022/2023 sont encore ouvertes !
Pour les enfants à partir de 8 ans (danse) et du CM2 (musique) et les adultes : en ligne ici ou sur place à l'accueil Saint-Just
Pour les enfants de 7 ans (danse) : il reste quelques places en cursus d'initiation : sur place à l'accueil Saint-Just.
ATTENTION : les cursus d'initiation musique (enfants du CP au CM1), éveil danse (enfants de 5 ans) et initiation I danse (enfants de 6 ans) sont complets. Fait nouveau, cette année était organisé un tirage au sort :
- En initiation musique : 113 demandes par tirage au sort pour 55 places.
- En éveil et initiation danse : 82 personnes au tirage au sort pour une capacité de 85 places.
-Places disponibles dans les classes de :
Hautbois, accordéon, piano jazz, guitare (classique), contrebasse, chant lyrique, initiation danse (enfants de 7 ans), danse contemporaine (tout niveau), danse jazz (ado/adultes).
Au programme de l’automne
- Le 24 novembre à 19h, à l’auditorium Antonin Artaud(152, av. Danielle Casanova) : PURE,duo dansé de la compagnie E7KA.
- Le 11 décembre à 16h, au théâtre Antoine Vitez (1 rue Simon Dereure) : Missa Luba / Noces de Saba par La Camera delle Lacrime.Avec la participation des chœurs enfants et adultes du conservatoire.
Réservation et programmation complète