« Cimetières vivants », l’expression peut porter à sourire. Il ne s’agit pourtant pas d’un jeu de mots, mais du nom de la très sérieuse étude menée par l’Agence régionale de la biodiversité (ARB) en Île-de-France qui vise à décrire la biodiversité de quarante-cinq cimetières franciliens. Dont, depuis 2020, celui de Monmousseau.
« Deux sessions de collectes de données sont organisées chaque année pour recenser la diversité de la faune et de la flore, » explique Pascal Jules, technicien au service études et grands travaux à la direction municipale des espaces publics.
Objectifs de cette étude sur quatre ans : sensibiliser sur l’importance de la biodiversité dans les cimetières, alors que l’interdiction de traitements phytosanitaires de synthèse entre en vigueur en juillet 2022.
Séquence observation
Ce 22 juin, Gilles Lecuir, entomologiste, chargé d’études à l’ARB, est venu installer un tunnel à hérissons et un capteur de chauves-souris. Deux dispositifs faisant l’objet de relevés transmis par les agents communaux. « Pendant cinq jours, un tunnel revêtu au sol de bandes transversales de papier encrées (par un mélange de charbon actif et d’huile), alternées de feuilles blanches est posé, explique le scientifique. Au bout sont disposées des croquettes… pour chats. Les empreintes permettront de mesurer l’éventuelle présence de hérissons. » Ces feuilles seront chaque jour datées et changées par Jeremy Marion, agent technique au cimetière. Un enregistreur d’ultra-sons a également été installé pour la nuit sur un poteau situé sur le passage potentiel de chauves-souris. Jusqu’alors, trois espèces ont été identifiées.
Gilles Lecuir vient aussi observer et photographier les pollinisateurs sur les fleurs. « Par séquences de 20 minutes, je prends en photo tous les insectes : coléoptères, mouches, abeilles sauvages, araignées… »
En 2020 et 2021, une espèce extrêmement rare de vivaces a été découverte sur le site : la Veronica acinifolia, répertoriée « en danger critique » à l’échelle régionale. Des espèces d’oiseaux, dont certaines menacées, ont également pu être observées.
Alors, qu’on se le dise : les « herbes folles » qui se fraient un passage entre les sépultures sont un bon signe. Celui d’une nature qui trouve sa place dans un espace non pas abandonné, mais dorénavant préservé des traitements chimiques. Des signes de vie à sauvegarder.
Sylvie Moisy