Budget : orientations débattues
Réunie jeudi 17 février, l’assemblée communale a procédé au débat d’orientations budgétaires pour 2022. Avec la volonté de maintenir un haut niveau de service public.
En présentant le rapport d’orientations budgétaires pour 2022 lors de ce conseil municipal du 17 février, l’adjointe aux Finances Ouarda Kirouane a d’abord rappelée que « l’élaboration du budget communal s’inscrit dans un contexte incertain au regard de la crise du Covid ». « Les recettes de la collectivité continuent de se tasser, quand les dépenses augmentent. La Dotation globale de fonctionnement (DGF) versée par l’Etat est passée de 12,2 millions € en 2013 à 2,7 millions en 2021. Il est fort probable que les communes soient à nouveau mises à contribution pour éponger les dettes de l’État liées à la crise sanitaire », a-t-elle ajouté.
Pour 2022, les recettes de Ville devraient être de 162,9 millions €, en hausse de 1,6% par rapport au budget 2021, malgré le gel pour la cinquième année consécutive du taux de fiscalité. Une façon de compenser l’augmentation en 2022 (plusieurs dizaines d’euros en moyenne cette année) de la Taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM) collectée pour le Territoire Grand-Orly Seine Bièvre, dont c’est la compétence.
Les dépenses de fonctionnement sont prévues à hauteur de 149,8 millions €, en hausse de 1,35%, notamment en raison de l’ouverture du complexe sportif Alice Milliat et de l’école Anne Sylvestre. 12,3 millions € seront alloués au remboursement de la dette. Les investissements devraient eux atteindre entre 32 et 33 millions € cette année. Les subventions aux associations augmenteront de 2% pour atteindre 3,6 millions €. Ce budget doit permettre à la municipalité de répondre aux enjeux de solidarité, mais également aux enjeux de transition écologique, de démocratie et citoyenneté, tout en maintenant un haut niveau de service public.
Service public
« Notre capacité à financer les services publics est de plus en plus incertain », a alerté Clément Pecqueux (Génération.s), lors du débat qui a suivi, tout en dénonçant les profits faramineux des plus riches au cours de la crise sanitaire. « Ces numéros d’équilibristes budgétaires ne pourront pas éternellement suffire. Il ne nous restera bientôt plus qu’un seul levier : la fiscalité, à appliquer avec parcimonie et clairvoyance. Nous n’avons pas d’autres perspectives ». « Nous devons continuer à ne pas augmenter la fiscalité, a exhorté Atef Rhouma, pour Convergence citoyenne ivryenne. Comme il est essentiel de ne pas augmenter le coût des activités pour les Ivryens ». « Il faut souligner la politique ambitieuse de la Ville, sur les grands projets, sur la santé ou la culture », a souligné Kheira Freih Bengabou, pour Europe-Écologie les Verts (EELV), tout en appelant à « redoubler d’efforts sur la transition écologique ».
Sheerazed Boulkroun, du groupe d’opposition Ivry c’est vous s’est, elle, interrogée sur « les ambitions en matière de transition écologique », jugées « très floues », notamment sur « la rénovation thermique des bâtiments, la cyclabilité ou la végétalisation. » Sébastien Bouillaud, pour Ivry autrement, a regretté notamment la hausse de 3% des dépenses de personnel prévues en 2022. « La fuite en avant des dépenses de fonctionnement se poursuit, sans vision pour l’avenir, a-t-il déploré. Vous agissez comme une cigale plutôt que comme une fourmi ! ». Ce à quoi a répondu Ouarda Kirouane : « Les dépenses de personnel ? Oui c’est un poste important - 60% du budget de fonctionnement -. Ce sont des hommes et femmes qui ont été là pendant la crise sanitaire en faisant fonctionner le service public. Le personnel n’est pas une variable d’ajustement, c’est un service public. Cette masse va augmenter avec la livraison de nouveaux équipements. Le service public, c’est le garant de ce que porte notre République : l’égalité ! »
« On ne renonce à rien du point de vue du service public dans un moment où les habitants de notre ville ont besoin de tant de choses », a conclu le maire, Philippe Bouyssou. Le rapport d’orientations budgétaires a été adopté à une très grande majorité (trois abstentions). Le vote du budget 2022 aura lieu lors du prochain conseil municipal, le jeudi 31 mars à partir de 19h45.
Philippe Gril
Syctom : besoin de transparence
Le conseil municipal est revenu sur l’étude de ToxicoWatch révélant des taux de dioxine « anormalement élevés » autour de l’incinérateur d’Ivry/Paris 13.
Divulguée par Le Monde du 7 février, l’étude de la fondation ToxicoWatch révélant des taux de dioxines « exceptionnellement élevés » aux abords de l’incinérateur Ivry/Paris 13 a fait réagir l’assemblée communale. Après un point d’information par le maire Philippe Bouyssou, le conseil a débattu du vœu proposé par Sabrina Sebaihi, au nom d’Europe Ecologie Les Verts, pour un conseil syndical transparent au Syctom.
« Il faut une étude indépendante associant ToxicoWatch et le collectif 3R, car il est important que nous puissions avoir accès à l’ensemble des études et des données faites par le Syctom, a expliqué l’élue. Aujourd’hui, seules des moyennes sont transmises, ce qui ne nous permet pas d’avoir une parfaite connaissance des incidents. On le sait, quand l’incinérateur stoppe puis repart, les dioxines se déposent. Et il suffit de quelques minutes pour avoir des dépôts pour des années, avec des conséquences sur notre santé. »
Vœu amendé
Pour Clément Pecqueux, (Génération.s), « cette transparence ne doit pas être un one-shot pour vérifier que tout va bien cette fois-ci. Il faudrait une méthodologie régulière de transparence sur ces données, avec un protocole au moins annuel ou semestriel sur les effets de cette toxicologie sur l’environnement ». Déclarant que « ces chiffres inquiètent la population alors que la dioxine est classée cancérigène», Atef Rhouma (Convergence citoyenne ivryenne) a demandé « l’application du principe de précaution ».
« Il est plus que nécessaire de réclamer une enquête indépendante, a exhorté Yamina Ouabbas (Ivry Autrement). Il faut rassurer la population. » Philippe Hardouin (Ivry C’est Vous), a salué « la ténacité » du collectif ivryen 3R, avant d’ajouter : « Toutes les données produites par le Syctom devraient être portées à la connaissance de tous ».
À l’issue des débats, deux amendements ont été ajoutés à ce vœu : l’un demandant qu’une délégation d’Ivry soit reçue au plus vite par la ministre de la Transition énergétique Barabara Pompili, l’autre demandant qu’une réunion du comité de suivi de l’incinérateur (réunissant des élus d’Ivry de toutes sensibilités) soit organisée dans l’urgence par la préfète du Val-de-Marne. Le vœu a été adopté à la quasi-unanimité (trois élus n’ont pas pris part au vote).
Philippe Gril
En bref
Zac Ivry-Confluences
Lors de cette séance, Romain Marchand a présenté le bilan 2021 de l’opération Ivry-Confluences. Le 1er adjoint en charge de l’aménagement de la Ville a rappelé les avancées du projet pendant l’année écoulée : livraisons de programmes (Le Val, Minoterie…), inauguration du square Prudhon… Mais aussi les chantiers en cours (3O, Skyline, Very arty…) et le lancement cette année d’îlots majeurs en bord de Seine : BHV, ancien site Total et îlot 4G/5G. L’élu est revenu sur la mise en service de l’avenue de l’Industrie, support du futur Tzen 5, qui a permis la piétonisation de la partie sud des quais. Il a également rappelé la nécessaire réorientation financière de l’opération.
Femmes à l’honneur
L’assemblée communale, engagée pour féminiser les noms afin de renforcer la visibilité des femmes dans l'espace public, a adopté les dénominations des nouvelles voiries et nouveaux espaces publics des Zac Ivry-Confluences et Gagarine. Ces personnalités ont été proposées par la commission dénominations et les Ivryens eux-mêmes (via la plateforme Ivry & Moi du site ivry94.fr). Les voici : allée Teresa Teng (chanteuse taïwanaise populaire), allée Alice Guy (première réalisatrice de l’histoire du cinéma en 1896), Allée Lucie Baud (ouvrière tisseuse et syndicaliste), impasse Berthe Morisot (peintre impressionniste), esplanade Kateb Yacine (romancier et poète anticolonialiste algérien), rue Marguerite Thibert (militante féministe), parvis Anne Sylvestre (chanteuse, notamment pour enfant, et féministe) et place Janis Joplin (chanteuse américaine).