Une carcasse de Twingo suspendue au-dessus du sol accueille le visiteur dès l’entrée de l’exposition Grain de Simon Boudvin au Crédac. Plus loin, des pièces détachées de la voiture récupérée au garage municipal et destinées à la casse sont entreposées sur des étagères. Pour un peu, le troisième étage de la Manufacture des Œillets semblerait revenu à sa vocation initiale, celui d’atelier industriel.
Une voiture mais aussi des tabourets, des poignées de portes, des verres Duralex… L’exposition réunit une série d’objets très différents mais qui font tous partie de notre quotidien. Ils ont été choisis par l’artiste comme matière à investigation. Il peut s’agir pour lui d’en démonter le mécanisme, de révéler un système et ses diverses modalités, ou encore de réaliser des inventaires à partir d’un motif ou d’une forme. Et tous ces objets sont aussi l’occasion d’évoquer une activité humaine, une histoire tant politique que culturelle.
« Les objets réunis dans l’exposition peuvent être considérés comme des sculptures documentaires ou sociales », résume Claire Le Restif, la directrice du Crédac. Quant au titre de l’exposition, il renvoie au grain de la photographie mais aussi « à la texture du monde, et aux différentes variations des objets à priori semblables, qui fondent un milieu. » On peut penser aussi le grain de sable qui fait dérailler la machine ou encore à la folie douce, à la limite de l’obsession, de celui qui récolte inlassablement des formes jugées banales, souvent invisibles pour le commun des mortels.
De l’importance du contexte
En 2021, l’artiste a publié une monographie située de l’ailante cette espèce d’arbre dite « invasive » que l’on retrouve sur les trottoirs, en bords de route ou en fonds de cour. Pour ce projet éditorial, l’artiste s’est concentré sur le territoire des communes de Bagnolet où il réside et celle, limitrophe, de Montreuil. Le livre consiste en un ensemble de photographies de la plante prises dans divers environnements, accompagnées d’un relevé cartographique précis de son implantation.
Lors de sa résidence au Crédac durant dix mois en 2019 et 2020, Simon Boudvin a pu poursuivre ses recherches au croisement de ses intérêts pour l’architecture, l’écologie urbaine et l’histoire politique. Il s’est intéressé aux cités de l’Office public de l’habitat (OPH) d’Ivry, leurs espaces de rencontres, de convivialités, d’associations, entre les cellules domestiques et l’espace public. Une affiche distribuée aux visiteurs de l’exposition constitue un collage de photographies de portes et poignées de quatorze cités de la commune aux styles variés. On passe du verre et fer forgé des années 30 à l’association du bois et de l’aluminium dans les années 50 et aux motifs géométriques et colorées de la décennie 70. Une sorte d’encyclopédie visuelle, poétique et un brin décalée, qui retrace l’histoire d’un cadre de vie et de celle de ses habitants.
Mathieu Oui
Avec (ou sans) les enfants !
Grain de Simon Boudvin jusqu’au 20 mars au Crédac : la Manufacture des Œillets, 1 place Pierre Gosnat. 01 49 60 25 06. credac.fr
- Mercredi 23, jeudi 24 et vendredi 25 février, de 15h à 17h : ateliers créatifs pensés pour les enfants de 6 à 12 ans pendant les vacances scolaires d’hiver.
- Jeudi 10 mars de 16h à 17h : visite commentée de l’exposition par Clément Vacqué (médiathèque d’Ivry) et Lucia Zapparoli (Crédac), suivie d’un temps d’échange et goûter.
- Samedi 12 mars à 15h : promenade « Commune communiste », dans les espaces communs de la ville d’Ivry avec Simon Boudvin.
- Samedi 19 mars à 16h : discussion entre Claire Le Restif et Simon Boudvin sur les collaborations artistiques qui ont marqué la pratique de l’artiste.
Événements gratuits sur réservation au 01 49 60 25 06 ou contact@credac.fr