« C’est un épisode inédit que nous avons vécu, résume Bertrand Quinet, adjoint au maire en charge des politiques solidaires et d’insertion et des logements d’urgence.Depuis des années, la municipalité applique une ligne politique de résorption des bidonvilles et trouve fréquemment des accords avec les occupants des squats "habituels", c’est-à-dire généralement des jeunes gens et artistes. La situation du squat du 37 rue Marceau ne correspondait à aucun de ces deux cas de figure. Là, il s’agit d’une population majoritairement sans-papier, extra-communautaire car originaire de Russie ou d’Afrique subsaharienne, qui travaille et dont beaucoup d’enfants sont scolarisés. Ces personnes vivaient depuis des années dans des conditions relativement correctes dans cet immeuble de bureaux inoccupés. »
Pour rappel, la police est intervenue mardi 26 octobre pour déloger les habitants du 37 rue Marceau, où vivaient, depuis quatre ans, environ 80 personnes. Une évacuation décidée sur décision de justice suite à la procédure engagée par les propriétaires des lieux. La Ville a décidé le jour même de mettre à l’abri dans le gymnase Joliot-Curie les personnes expulsées. L’État, à la demande répétée de la Ville, a par la suite mandaté l’opérateur social Alteralia pour réaliser un accompagnement social des anciens squatteurs et fournir une aide alimentaire. Le 16 décembre, le gymnase a été évacué.
Travailler d’arrache-pied
« La Ville n’avait aucune maîtrise sur les conditions d’expulsion du squat, rappelle Bertrand Quinet. Les propriétaires du 37 rue Marceau exerçaient une pression forte et la non application de la décision d’évacuation rendue par le tribunal administratif engendrait une astreinte de 3 millions € pour l’État. Pour autant, j’avais rencontré les occupants du squat en juillet et le cabinet du maire a travaillé d’arrache-pied pendant quatre mois pour trouver des possibilités de relogement selon les principes de notre ligne politique : "pas d’évacuation sans solution". »
Dans un post sur sa page Facebook, le maire Philippe Bouyssou précise que « sur les quelque 80 personnes entrées au gymnase le 26 octobre dernier, plus d’une soixantaine sont aujourd’hui hébergées au Centre d’hébergement d’urgence des migrants (Chum) situé à Ivry Port, dans des logements passerelles ou dans des hôtels du 115. Tous sont en Val-de-Marne, dont la très large majorité à Ivry ».
Une prise en charge sociale se poursuit via un faisceau d’institutions et associations : Espace départemental des solidarités, Centre communal d’action sociale (CCAS), Espace municipal de médiation et d’accès au droit, La Pagaille… « La Ville s’est engagée à ce que le CCAS suive les familles si besoin, ajoute Bertrand Quinet. Et une chose est sûre : cet épisode nous a alertés sur le fait qu’il faut que la Ville appréhende mieux la situation des squats dans sa globalité. Un groupe de travail a été constitué à ce sujet. »
Thomas Portier