Vous l’avez sûrement déjà vue… sans la voir. L’Ivryenne Monia Moula a doublé quantité d’actrices dans moultes scènes d’action, de Ghost in the Shell à Wonder Woman(film pour lequel la guilde américaine des acteurs lui décerne le prix des meilleures cascades). En fait, détailler son parcours et sa carrière serait un inventaire à la Prévert…
« Toute petite, quand à l’école on me demandait quel métier m’intéressait, moi je voulais être ninja… », sourit celle qui, résidant depuis sa naissance cité de l’Insurrection (dont sa mère fut longtemps la gardienne), commença le sport dès ses 5 ans. Papillonnant entre les différentes disciplines de l’Union sportive d’Ivry, Monia se passionne pour la danse, la gym et les arts martiaux. Ce sera finalement la boxe thaïlandaise qui l’entraînera jusqu’à Bangkok, où elle croise les cascadeurs du film Ong-bak (de Prachya Pinkaew, 2003). C’est décidé, elle sera cascadeuse !
« Petite, je voulais être ninja ! »
Rentrée en France, elle passe son bac et s’inscrit en fac de droit, mais… « Je voyais bien que c’était pas fait pour moi, alors je séchais les cours pour m’entraîner à monter aux arbres, à faire du parkour, mais sans savoir que c’en était... Mon premier salto, je l’ai fait dans la cité, sur le béton. » Le parkour, cet art du déplacement urbain alternant sauts et acrobaties, Monia va vite en rejoindre les pionniers, le collectif des Yamakasi popularisé en 2001 par le film éponyme d’Ariel Zeitoun produit par Luc Besson. Et c’est justement Besson qui l’embauche pour les cascades d’Arthur et les Minimoys (2006). Suivent nombre de séries, jeux vidéo (en capture de mouvements) et films, dont OSS 117 : Rio ne répond plus de Michel Hazanavicius (2009), Inception de Christopher Nolan (2010) ou encore Tracers de Daniel Benmayor (2015) qui lui ouvre les portes de prestigieux tournages à New York et Londres.
Un rôle à jouer
Multipliant les activités annexes (coach à la Mike Tyson Academy, garde du corps, éducatrice en réinsertion sociale par le sport et les arts…), Monia est propulsée doublure de l’actrice cubaine Ana de Armas sur le 25e James Bond, Mourir peut attendre (de Cary Joji Fukunaga, sortie le 6 octobre).« C’est sûr qu’il y a une petite pression, mais positive !, s’amuse la cascadeuse. Le personnage d’Ana de Armas se bat dans une longue robe magnifique… Il a donc fallu que je me batte en talons hauts ! Quand je double une comédienne, je m’adapte à elle. Je joue son rôle, je le vis. Je ne suis pas qu’une silhouette. »
De « femme de l’ombre », Monia désire maintenant jouer à visage découvert. Or malgré de petits rôles (comme dans Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow, en 2012), difficile d’être reconnue en tant qu’actrice à part entière. « Il y a une frustration à être cascadeuse. Mes parents, quand je leur dis "Regardez, c’est moi là", ils me répondent "Bah non c’est pas toi"… Et pourtant si, c’est mon corps ! ». Son rôle récent dans la série Le Remplaçant (sur TF1) va-t-il changer la donne ? Une chose est sûre, malgré les sirènes d’Outre-Atlantique, l’Ivryenne compte bien monter des projets avec les jeunes de sa ville. « J’ai été dans les bleds les plus lointains, et je suis revenue à Ivry ! Si les talents n’explosent pas ici, c’est dommage. Le fait d’arriver avec toute cette expérience, les jeunes voient que c’est possible. Et j’ai toujours voulu ouvrir le champ des possibles. »
Daniel Paris-Clavel
Minibio
1984 Naissance à Saint-Maurice.
2002 Part boxer en Thaïlande.
2004 Bac littéraire à Romain Rolland.
2006 Premières cascades cinématographiques dans Arthur et les Minimoys de Luc Besson.
2013 Championne de France de parkour.
2018 Remporte le Screen Actors Guild Award des meilleures cascades pour Wonder Woman de Patty Jenkins (2017).
2021 Joue aux côtés de JoeyStarr dans la série Le Remplaçant.