Elle n’était pas « une femme à peu près », pour reprendre ses mots. Tassadite Zidelkhile est décédée à l’hôpital Charles Foix le 22 septembre. Elle avait 89 ans. Cette personnalité d’Ivry avait écrit avec son voisin Christian Billères Tatassé. Mes rêves, mes combats. De Béjaïa à Ivry-sur-Seine ( 2007, L’Harmattan) suite à un portrait qu’Ivry ma ville lui avait consacré en mars 2005. Le livre retrace son parcours depuis sa naissance en 1932 à Toudja (petite Kabylie, Algérie). Elle raconte son enfance dans la région de Bougie (Béjaïa), sa vie après la mort de ses parents, son mariage « par force » en 1954.
Elle arrive en France en mai 1955, où elle vit un mois dans une pièce exigüe où elle élève le premier de ses huit enfants avant d’habiter dans un hôtel boulevard de Stalingrad, puis dans des baraquements, un centre de transit... La famille emménage enfin en 1972 dans un F5 à la cité Spinoza. Tassadite Zidelkhile a mené de front l'éducation des enfants, un travail à l'extérieur et les affaires courantes de la maisonnée. Elle participait régulièrement aux commémorations du 17 octobre 1961. En 2011, dans une vidéo, elle avait raconté à la rédaction municipale ses souvenirs de ce jour où une manifestation pacifique d’Algériens avait été réprimée dans le sang par les forces de l’ordre.
Dans un communiqué la municipalité a rappelé qu’à « plusieurs reprises, la Ville lui avait donné la parole pour témoigner de son histoire. Beaucoup d’Ivryen.nes se sont identifé.es à ce récit authentique de vie, mêlant modestie et humour, ce qui lui vaudra de nombreuses manifestations de sympathie de la part des Ivryen.nes et notamment de ses voisins et voisines de la cité Spinoza. »
Un espace de recueillement et un livre d’or sont à la disposition de chacun à l’hôtel de ville pour saluer sa mémoire.
Thomas Portier