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© Thierry Arensma

Les images, c’était sa vie. Éric Guglielmi a fait ses premières photos à l’âge de 12 ans et n’a cessé depuis jusqu’à son décès soudain le 19 juin à l’âge de 51 ans. Né à Charleville-Mézières en 1970, il gagne Paris où il est engagé en 1990 dans un labo photo, puis comme assistant d’un photographe de mode. À la suite de ses premiers reportages en Amérique du Sud, il devient correspondant pour la presse française (Libération, Jeune Afrique...) au Mali, en Ukraine, au Bangladesh, au Congo... Il s’installe pendant cinq en Afrique de l’Ouest.

Mais il finit par quitter le photojournalisme. « Après un reportage au Rwanda, j’ai tout arrêté en 2002, et je n’ai plus fait de photographie pendant presque cinq ans », déclare-t-il à Jeune Afrique. Il revient à la photo pour construire une réflexion sur le long cours, à revers de l’actualité, comme l’écrit en hommage dans un communiqué la galerie parisienne Maubert qui le représentait.

Sous le titre Je suis un piéton, rien de plus…, Éric Guglielmi suit les pérégrinations d'Arthur Rimbaud, de Charleville-Mézières comme lui, et le raconte en photos le long des vingt-trois villes qu'il a parcourues, et ce jusqu'en Éthiopie. Il associe à ses images des extraits de textes ou de correspondances.

Il fonde à Ivry en mai 2010 les Éditions Gang avec Gaël Le Minter. « La clef de notre travail, c’est de défendre une écriture photographique, que le texte et la photo fonctionnent en synergie, déclarait-il à Ivry ma Ville à l’été 2010. On veut faire des objets qu’on peut toucher, sentir. Que les idées circulent pour aller du négatif photo à l’objet-livre. »

Tirages photographiques

Il utilise la chambre photographique plutôt que l’appareil, devient spécialiste des techniques de tirage et crée un laboratoire argentique ouvert à tous les artistes qui souhaitaient s’y essayer : « du tirage aux sels d’argent au platine palladium ou bien à la gomme bichromate qu’il venait tout juste de dompter, tous les collectionneurs, directeurs d’institution, amis de musée venaient l’écouter avec passion », rappelle Charles Rischard, directeur de la galerie Maubert à France 3. 

Ainsi, il a choisi de réaliser le tirage photographique de la série Paradis perdu, qui s’intéresse à la déforestation au Congo, avec la technique du platine palladium. Cette technique, inventée en 1860 utilise de l’oxyde de fer lequel donne sa couleur rouge au sol congolais.

L’œuvre d’Éric Guglielmi fait partie de collections publiques (BNF, Musée Rimbaud…) et privées (Neuflize Vie). En 2014 et en 2018, l’Unicef lui donne carte blanche pour traiter des problématiques de l’enfance au Cameroun. En 2015, il est nominé au Prix Aimia/Ago ainsi qu’au Prix Pictet et reçoit l’Aide à la photographie documentaire du Centre national des arts plastiques (Cnap) pour son projet Ardenne. Ce projet a fait l’objet d’une résidence de 18 mois dans les Ardennes (Belges, Luxembourgeoises et Françaises) ainsi que d’une publication et d’une exposition personnelle à la Maison de la photographie Robert Doisneau en 2018.

Une exposition était aussi prévue autour de son travail, au musée Rimbaud de Charleville-Mézières. Elle aura bien lieu en novembre 2021, sans doute sous une forme différente suite à son décès.

Éric Guglielmi laisse une compagne et trois enfants. Il sera inhumé le 2 juillet au cimetière parisien d’Ivry.

Thomas Portier

Voir son portrait sur Arte

Lire l’article sur les éditions Gang dans Ivry ma ville de septembre 2010

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