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Près de 3 000 personnes ont participé à la marche jaune pour honorer la mémoire de Marjorie, 17 ans, et condamner la violence. © Mairie d’Ivry-sur-Seine - David Merle

Le jaune était la couleur préférée de Marjorie. Le 22 mai, lors de la marche lui rendant hommage, la foule endeuillée arborait cette touche de soleil, à travers une écharpe, un tee-shirt ou une fleur. Le 14 mai, dans l'après-midi, la jeune fille de 17 ans avait été mortellement poignardée par un adolescent de 14 ans dans la cité Pierre et Marie Curie où ils vivaient tous deux.

À l'initiative de la famille, avec l'appui de la municipalité, près de 3 000 personnes se sont retrouvées devant l'hôtel de ville à 15h pour rejoindre ensuite la cité. Beaucoup de jeunes étaient présents mais aussi des parents avec enfants, des amis, des voisins, des enseignants, des retraités, le maire Philippe Bouyssou et d'autres élus de la commune... Le chagrin se lit sur tous les visages. Chanty et Grâce, 17 ans chacune, ont connu Marjorie à l'école Makarenko et au collège Wallon. Elles sont bouleversées : « C'était notre copine, nous n'arrivons pas à croire qu'elle soit partie. Personne ne mérite de mourir ainsi.  Il ne faut plus accepter la violence, dans la vie et sur les réseaux sociaux.» Une situation de harcèlement en ligne à l'encontre de la petite sœur de Marjorie serait à l'origine du drame. « Nous avons besoin de parler aux jeunes de paix, de sagesse et d'amour », revendique Charlette, 53 ans, venue soutenir la famille avec sa fille adolescente Eunice qui regrette l'absence de message de prévention sur les réseaux sociaux.

Discutez avec vos enfants

Sandrine Bourret, l'enseignante en philosophie de Marjorie au lycée Jean Macé où elle était scolarisée, pointe d'autres responsabilités : « Ma peine est immense mais je ressens aussi de la colère. Au sein des établissements scolaires, nous subissons une réduction massive des moyens pour accompagner les jeunes. Hier, c'était Alisha*, maintenant c'est Marjorie. Il faut que ça s'arrête ! »

Arrivée non loin du lieu du drame, dans la cité, la foule recueillie entoure le chapiteau où les sœurs de la victime, Cynthia et Adelina, prennent d'abord la parole pour dénoncer la haine et réclamer la justice. Une prière est dite par une amie.

« La disparition tragique de Marjorie nous place devant une lourde responsabilité, a affirmé le maire Philippe Bouyssou. Nous ressentons un choc immense, qui ne doit pas nous pousser les uns contre les autres. Il doit nous conduire à construire ensemble des réponses durables aux aspirations des jeunes, aux souffrances que nous constatons, pour que plus jamais aucun enfant d'Ivry ou d'ailleurs, ne meure sous les coups d'un autre enfant. »

En guise de conclusion, Odile, la mère de Marjorie, s'est exprimée avec une grande dignité, en rappelant le rôle essentiel des familles dans l'éducation : « Ma fille a été tuée. Pourquoi ? Je n'arrive toujours pas à comprendre, juste pour défendre sa petite sœur. La douleur que j'ai, je ne saurais pas la qualifier. Je m'adresse aux parents. Aimez vos enfants, prenez soin d'eux, dansez avec eux. Je dansais avec Marjorie ! Discutez avec vos enfants, cherchez à savoir ce qu'ils font dans leur vie, dites-leur que vous les aimez, car cette parole je n'ai pas eu le temps de la dire à Marjorie une dernière fois. De là où elle est, je pense qu'elle m'entend. Marjorie, je t'aime

Catherine Mercadier

* Alisha, victime de harcèlement, est morte noyée à Argenteuil le 8 mars. Elle avait 14 ans.

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