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Comme plusieurs dizaines de lieux culturels en France, le Hangar et le Théâtre des Quartiers d’Ivry – Centre Dramatique National du Val-de-Marne (TQI - CDN) sont occupés par de jeunes artistes et précaires. © Mairie d'Ivry-sur-Seine - David Merle

«Inutile et dangereux» selon la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, le mouvement d’occupation des lieux culturels prend de l’ampleur. Le Théâtre des Quartiers d’Ivry – Centre Dramatique National du Val-de-Marne (TQI - CDN) est ainsi occupé depuis un mois par de jeunes intermittents et précaires.

«Avec monsieur le maire et les membres de la majorité municipale, nous avons accueilli avec bienveillance l’occupation du TQI et sommes allés tout de suite à la rencontre des occupants, précise Méhadée Bernard, adjointe à la culture. Ils portent des revendications allant bien au-delà de la réouverture des lieux de culture, notamment contre la nouvelle convention d’assurance chômage

Ainsi, au conseil municipal du 8 avril dernier, l’élue a porté un vœu au nom de la majorité pour exiger, notamment, la réouverture des lieux culturels, la mise en place d’un plan d’urgence et la suppression définitive de la réforme de l’assurance chômage.

Le TQI est ainsi occupé en journée. La nuit, c’est au tour du Hangar, équipement culturel municipal où un couchage est prévu pour huit personnes. « Nous tâchons de leur amener aide et support du mieux qu’on peut, et on est bien content qu’ils soient là !, confie Ryad Hanni, responsable du Hangar. C’est bien que les jeunes portent cette lutte ensemble. Heureusement d’ailleurs ! »

Artivisme

Nous avons posé quelques questions à Roxanne, intermittente depuis un an et l’une des référentes du collectif d’occupants qui a pour nom « TQIH24 ».

Ivry Ma Ville  Hebdo : L’occupation du TQI a-t-elle suscité des réactions du ministère de la Culture ?

Roxanne (TQIH24) : Notre occupation s’inscrit dans une échelle locale, mais aussi régionale et surtout nationale. À l’heure actuelle, 103 lieux culturels sont occupés à travers la France. Des délégations rencontrent donc ponctuellement le cabinet du ministère de la Culture et des membres de l’occupation du TQI en font partie.

Ivry Ma Ville  Hebdo : Comment voyez-vous l’évolution de cette lutte sociale ?

Roxanne (TQIH24) : Les arts sont un élément essentiel et incontournable de la vie à laquelle on aspire. Des équipements tels Le Hangar et le TQI font la vie d’une ville comme Ivry, ce sont des lieux de société, où l’on va éprouver et construire le «vivre ensemble». Or ils sont mis à mal par les décisions gouvernementales. Comme c’est notre métier et que l’on veut continuer à l’exercer même si on en est empêché, nous nous employons à créer des actions artistiques à Ivry : manifestations, recueils de témoignages sur l’importance de la culture et «artivisme» mêlant art et activisme… comme aller devant des lieux encore ouverts, tels les supermarchés, où la problématique sanitaire est pourtant similaire à celle qu’on pourrait avoir dans des salles de théâtre ! Nous avons ainsi organisé un rassemblement militant et artistique le 4 avril derrière la mairie, et nous en organisons un nouveau dimanche 18 avril avec du théâtre, de la danse, des lectures revendicatives et poétiques…

Ivry Ma Ville  Hebdo : Comment ressentez-vous l’accueil de vos actions ?

Roxanne (TQIH24) : À Ivry, c’est particulièrement chaleureux ! On est très chanceux d’être dans une ville qui accueille nos propositions et nous accompagne dans leur construction. Ici, on n’est jamais en lutte contre le territoire, il y a une convergence. Notamment avec les théâtres El Duende, Antoine Vitez, Aleph… Ce sont des gens qui nous proposent leur aide, avec qui on a envie de s’associer pour construire des choses. Le fait d’avoir un territoire favorable à notre occupation aide énormément ! C’est très précieux.

Propos recueillis par Daniel Paris-Clavel

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