«Aujourd’hui, nous sommes atterrés par cet acte barbare, commis au nom d’une vision totalement obscurantiste d’une religion, l’islam en l’occurrence. C’est un acte inqualifiable, qui échappe au principe même d’humanité ! En s’en prenant à un enseignant, le terroriste attaque la laïcité : le fondement de notre société, qui nous permet de partager notre République et de vivre ensemble. Nous devons rester unis pour éviter d’autres conséquences dramatiques. »
C’est après ces quelques mots que le 21 octobre, à midi, le maire Philippe Bouyssou a invité les Ivryens à observer une minute de silence en mémoire de Samuel Paty, à l’occasion de la journée d’hommage national consacrée à cet enseignant assassiné. Professeur d’histoire-géographie, il a été décapité par un fanatique à la sortie de son collège le 16 octobre à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) pour avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors d’un cours sur la liberté d’expression.
Près de 300 personnes s’étaient rassemblées devant l’hôtel de ville ce 21 octobre à midi. Parmi elles, des élus de la majorité municipale et de l’opposition ainsi que la députée d’Ivry, Mathilde Panot. Sur tous les visages se lisaient la sidération et la peine. Plusieurs enseignants confiaient être à la fois bouleversés et en colère comme Émilie Lepeytre, professeure des écoles à l’élémentaire Barbusse.
« Je suis traversée par beaucoup d’émotions car Samuel Paty était menacé depuis plusieurs jours. L’institution, qui nous demande de ne pas faire de vagues, ne l’a pas assez soutenu ! Cet enseignant aurait dû bénéficier d’une protection fonctionnelle. La liberté d’expression est inscrite dans les programmes de l’Éducation nationale. » L’institutriace se dit aussi horrifiée face aux réactions islamophobes qui peuvent s’exprimer suite à l’attentat.
Ne soyons pas divisés
Dans la foule, des représentants des communautés chrétiennes et musulmanes étaient également présents. «Les musulmans sont des citoyens français qui aspirent à vivre dans la paix. Nous sommes doublement abasourdis, touchés au cœur, car ce crime odieux a été commis au nom de notre religion, explique Mohamed Akrid, président du collectif Annour qui gère la mosquée d’Ivry. L’un des premiers versets du coran sacralise la vie.» Yves Petiton, l’un des prêtres de la paroisse de la commune, l’écoute attentivement et conclut qu’il ne faut pas faire d’amalgame entre musulmans et intégristes : « Ne soyons pas divisés et soutenons les enseignants !» Car l’école est le premier pilier de notre démocratie. Il faut la défendre ardemment.
Catherine Mercadier