8h20, ce lundi 18 mai à l’entrée de l’école élémentaire Makarenko… Ils sont une dizaine d’enfants accompagnés d’un parent à patienter, à distance, avant de faire leur entrée dans l’établissement. « Bonjour », les salue chaleureusement Bertrand Quinet, le directeur, portant masque et visière en plexiglas, avant qu’une enseignante, masquée elle aussi, les prenne en charge. C’est le premier groupe à pénétrer dans l’établissement. Deux autres suivront à 8h30 et 8h40, afin d’étaler les arrivées. Makarenko fait partie des cinq écoles dites « centres »* réparties sur toute la commune et accueille depuis le 18 mai des enfants qui la fréquente habituellement et d’autres provenant de Henri Barbusse et de Rosa Parks, restées fermées. Priscille l’assure, son fils Caua, 11 ans, est content de retourner à l’école. « Ça va lui faire du bien, estime-t-elle. Je vis seule avec lui et on n’arrivait pas à bien travailler à la maison. » Chantal, elle, vient de déposer sa fille Marie, âgée de 7 ans. « Elle était plutôt contente de rentrer même si elle est un peu perturbée car ses copains ne sont pas là. Au moins, elle se retrouve dans son environnement, parce que c’est un peu difficile pour les enfants de rester à la maison. Sans être inquiète, je souhaitais voir comment allait se passer cet accueil. »
« C’est étrange pour nous aussi »
Toutes les précautions sont prises. Une fois la grille franchie, direction les toilettes pour un premier lavage de mains. La moitié des robinets ont été condamnés pour laisser une distance entre chaque enfant, et les habituelles serviettes en tissu ont disparu. Les mains sècheront à l’air libre. « On n’oublie pas de bien respecter les distances », insiste Bertrand Quinet avant la montée dans les salles de classe. Une fois installé à sa table, espacée d’au moins un mètre de celle du voisin, chacun des enfants se voit distribuer du gel hydroalcoolique. Chaque classe est prévue pour accueillir dix élèves par groupes de niveau (CP-CE1 d’un côté, CE2 à CM2 de l’autre) et provenant d’un même établissement : ainsi, ceux de Barbusse sont encadrés par des enseignants de Barbusse, ceux de Makarenko par des instituteurs de Makarenko, etc. De cette façon, les enfants gardent quelques repères.
Une fois l’appel effectué, l’institutrice Aurélie explique comment va se passer la journée. « On va se laver les mains après chaque activité. Ça vous semble étrange de voir une professeure porter un masque, mais sachez que ça l’est pour nous aussi. » Elle ouvre immédiatement la discussion et demande aux élèves comment ils se sentent et ce qu’ils pensent de ces conditions exceptionnelles. Chacun raconte son confinement, entre devoirs, jeux et rares sorties. Les émotions ressortent également. « Je voulais vite reprendre, déclare Nathan. Je suis un peu déçu parce que c’est différent : je n’ai pas la même maîtresse et il n’y a pas mes copains. »
« C’est très bien de reprendre doucement »
Estelle, enseignante de CP, félicite les enfants pour leur discipline. « Ils sont parfaits et ont tout de suite compris ce qu’on leur demandait. Ce n’est pas satisfaisant de les accueillir dans ces conditions, mais il fallait le faire. » Les professeurs présents, tous masqués, sont en première ligne pour cet accueil éducatif alternatif et social mis en place en concertation avec la municipalité et l’Éducation nationale. Ce matin-là, les enfants ont pu travailler sur des exercices envoyés par leur instituteur habituel, avec de l’orthographe-grammaire et des mathématiques. Ils seront accueillis du lundi au vendredi (le temps périscolaire du mercredi est conservé) aux horaires habituels, avec un partage du temps et des activités entre les enseignants et les animateurs de la Ville. L’enseignement à distance se poursuit évidemment pour tous les autres enfants restés chez eux.
Soixante enfants d’élémentaire étaient attendus à Makarenko, mais ils n’étaient finalement que trente-neuf à s’être présentés ce lundi matin. L’accueil a pu se faire dans de bonnes conditions, juge Bertrand Quinet. « Cela s’est fait dans la sérénité. C’est très bien de reprendre doucement, d’avoir quinze jours d’ici juin avec peu d’enfants. Cela donne de la confiance après ces semaines anxiogènes. L’idée est de monter en puissance et d’en accueillir plus, mais dans ces conditions sanitaires, on ne connaît pas la limite. Pourra-t-on encore appliquer le protocole quand ils seront plus nombreux ? Il faut expérimenter avant la rentrée de septembre. Nous aimerions tous reprendre comme avant, mais ce n’est pas possible pour l’instant. »
Philippe Gril
*Joliot-Curie, Guy Moquet, Dulcie September, Langevin et donc Makarenko.
Et dans les autres écoles « centres » ?
Dans toutes les écoles « centres » qui ont accueilli des enfants à partir du 18 mai, les retours des adultes - personnel et direction – ont été positifs, assure-t-on à la direction de la scolarité de la Ville. Également en ce qui concerne la distribution de plats chauds sur le temps de la cantine. 425 enfants (sur 6 000 habituellement) devaient être accueillis, mais comme à Makarenko, certains ne se sont finalement pas présentés. Un premier bilan sera réalisé par visioconférence mardi 26 mai avec les directeurs d’établissement, la Ville et l’Éducation nationale. L’objectif est d’élargir petit à petit, selon les possibilités, l’accueil des enfants.