La « petite fâcherie » est oubliée. L’ambiance était cordiale, voire même joyeuse ce vendredi 8 février entre le maire Philippe Bouyssou et Roland Castro, l’architecte, dont la visite un an plus tôt avec le président Emmanuel Macron avait suscité colère et inquiétude. L’architecte des banlieues avait emmené « incognito » le président de la République pour une « balade » au Fort d’Ivry, lui présentant ce « lieu formidable » comme un Montmartre potentiel. Une visite privée à laquelle Philippe Bouyssou n’avait pas été convié et dont il avait appris l’existence… dans la presse. Surtout, les déclarations de Roland Castro laissaient à penser qu’un vaste projet immobilier était envisagé sur le Fort, mettant en péril l’existence des jardins ouvriers, qui couvrent sept hectares sur ses glacis.
« Je n’ai jamais songé à construire sur les jardins ouvriers. J’ai juste comparé le Fort et le haut de Montmartre, les deux endroits ayant la même taille », assure aujourd’hui l’architecte. Ce qui ne l’empêche pas de s’extasier à nouveau sur les lieux, alors qu’il vient de rendre à Emmanuel Macron un rapport sur le Grand Paris (« Du Grand Paris à Paris en Grand ») dans lequel il liste des lieux opportuns pour des grands projets urbains. « C’est un endroit singulier et fédérateur, qui n’appartient pas qu’aux Ivryens. La route du Fort est une très belle route panoramique. Sur le haut des remparts, il y a là un beau belvédère qui permet de comprendre la ville ».
« Patrimoine de l’humanité »
Le maire Philippe Bouyssou, a lui, rappelé son opposition a tout projet sur le Fort. « Ce qui compte avant tout, c’est la préservation des jardins ouvriers qui sont pratiquement un patrimoine de l’humanité. Ils existent depuis 100 ans et ont été le grenier alimentaire de la ville pendant la guerre. Il y a un attachement fort à ces jardins ouvriers. Pour ce qui est du belvédère qui accueille aujourd’hui l’établissement cinématographique des armées, je ne dis pas que dans 20, 30 ou 40 ans il ne se passera pas quelque chose, mais pour le moment, nous avons de grands projets à mener ailleurs pour faire face à la croissance démographique d’Ivry. Donc pour nous, cette question n’est pas d’actualité ».
L'élu en a profité pour rappeler son combat pour un droit à la ville pour tous, alors que la gentrification gagne les territoires proches de Paris, et contre une dilution du pouvoir de décision des maires en matière de logement et d’aménagement, menacé par la recentralisation des compétences. C’est le message qu’il entendait faire passer à Roland Castro lors d’une visite de la ville : les bords de Seine, Ivry Confluences, le Chum (centre d’hébergement d’urgence pour migrants) et la ZAC Gagarine-Truillot. Une manière de signifier qu’à l’échelon local aussi on sait faire de grands projets urbains.
Philippe Gril