Certes, ce n’était pas la foule des grands soirs, mais les discussions ont été riches. Ce 28 janvier, la première réunion budgétaire, sur les trois programmées, avait lieu en mairie. Après une introduction de Philippe Bouyssou, le maire, et la projection d’une courte vidéo didactique, les participants sont entrés dans le vif du sujet.
Mehdy Belabbas, adjoint au maire en charge des finances, a expliqué l’importance de telles rencontres afin de réduire la distance et l’incompréhension parfois quant aux enjeux des questions budgétaires. Il a rappelé le contexte dans lequel cet exercice avait lieu avec la baisse de la dotation globale de fonctionnement, la métropolisation et ses transferts de compétences ou encore la récente « contractualisation » imposée par l’État. Cette dernière oblige la Ville à maintenir l’évolution de ses dépenses de fonctionnement à 1,2%. Tout dépassement serait ponctionné.
« Une manière pour l’État de contrôler les collectivités, fulmine l’élu. Toutes ces attaques pourraient nous amener à réduire le service public, ce qui n’est jamais naturel. Nous avons réussi cette année encore, pour l’instant, à ne pas le faire. Nous sommes mêmes offensifs sur plusieurs sujets, comme avec la mise en place du budget participatif.»
« On a du mal à expliquer à cet État qu’un service public n’est pas quelque chose qui coûte, mais qui crée une richesse, interpelle Grégoire, un habitant. Mais si cette richesse ne s’achète et ne se vend pas, ça n’a aucun intérêt pour lui ! »
Santiago, un autre habitant, indique être « lucide par rapport aux coups qu’on a pris et très inquiet pour l’avenir. Aujourd’hui, il est important de ne pas parler simplement de la gestion du budget, mais des graves conséquences qui se profilent. Il est important de réussir à mobiliser le plus largement possible pour défendre une ville où on peut vivre correctement. »
D’accord sur la nécessité de lutter, le maire rappelle que « la réduction des dépenses publiques, érigée en dogme, vise la réduction du service public afin de laisser place à la privatisation et la marchandisation. » Et de se demander : « Jeter l’éponge ? Supprimer des services publics et ne garder que ce qui est régalien ? Ce serait un appauvrissement considérable de notre population. » Se faisant « l’avocat du diable », il interroge l’assemblée : « Pourquoi maintenir un cinéma d’art et d’essai alors qu’il y a un multiplexe à Ivry ? Pourquoi agrandir et moderniser le centre municipal de santé alors qu’on est une des rares villes à en avoir un ? Pourquoi permettre l’utilisation gratuite des équipements municipaux aux associations sportives et réduire ainsi le coût des cotisations pour les habitants ? Si, avec la menace de suppression de la taxe d’habitation, l’État agit comme il a toujours fait, c’est-à-dire réduire les compensations, nous ne pourrons plus tenir. »
Les discussions se poursuivent, toujours très animées. « Il est important d’être plus explicite quand il est question de service public, intervient Chantal, une habitante. Préciser comment la Ville s’est battue de longues années pour le défendre, pour mettre en place le quotient familial… Et aussi, montrer précisément et concrètement ce que sont les risques pour le quotidien des gens. » « Il faut en permanence parler du service public, abonde un autre participant. Il est important que les citoyens s’en emparent, le défendent et le promeuvent. Le fait de penser que c’est un acquis et que c’est comme ça partout, c’est une méconnaissance. »
Ahmed Talbi
Prochaines réunions budgétaires
« Pour une fiscalité locale juste et au service de la commune ! » : lundi 4 février à 19h30
«Ivry évolue : garantissons et adaptons nos services publics ! » : samedi 9 février à 10h30.
Réunions publiques en salle du conseil municipal, à l’hôtel de ville : esplanade Georges Marrane.
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