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Séverine Peter, adjointe au maire en charge des relations internationales, le maire Philippe Bouyssou et l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri le 5 décembre en mairie. © Mairie d’Ivry-sur-Seine - David Merle

IMV Hebdo : dans quel état d’esprit êtes-vous, deux mois après votre libération ?
Salah Hamouri : Je suis tout simplement heureux d’avoir retrouvé ma famille et mes amis. Je suis actuellement en tournée en France et en Europe pour rencontrer et remercier les différentes villes qui m’ont soutenu durant ma détention. Ivry a été l’une des premières à le faire car elle défend historiquement les droits et l’indépendance du peuple palestinien. Dès septembre 2017, le conseil municipal a adopté un vœu demandant ma libération. Cette mobilisation internationale est essentielle car elle permet de parler de la situation des 5 500 prisonniers politiques palestiniens, incarcérés pour leurs idées, et de faire pression pour leur libération. Pour nous, la lutte contre la politique de colonisation d’Israël doit être internationale.

IMV Hebdo : connaissez-vous enfin les raisons de votre incarcération ?
Salah Hamouri : Non, je ne connais toujours pas les motifs de mon emprisonnement car j’ai été placé en détention administrative. C’est une procédure totalement arbitraire, héritée du mandat britannique [avant la création de l’État d’Israël] où il n’y a ni procès, ni accès au dossier. Je ne savais même pas combien de temps allait durer mon incarcération. L’objectif est de faire pression sur moi pour m’obliger à quitter Jérusalem et à m’installer en France, ce que je refuse. J’ai 33 ans et j’ai été emprisonné durant près de 9 ans. La résistance est mon droit et mon devoir ! La liberté est un sentiment indestructible.

IMV Hebdo : quels sont vos projets pour l’avenir ?
Salah Hamouri : Je suis avocat mais je n’avais pas encore prêté serment. Je l’ai donc fait au lendemain de ma sortie de prison. Je dépends du barreau de Ramallah [Cisjordanie]. Je veux désormais faire mon travail tout en préparant un master de droit international. Mon combat sera aussi pour que ma femme, citoyenne française, puisse me rejoindre à Jérusalem, avec notre fils de deux ans. Elle est interdite de territoire israélien depuis 2016. C’est aux autorités françaises d’agir auprès du gouvernement israélien pour faire respecter le droit pour notre famille de vivre ensemble à Jérusalem.

Propos recueillis par Catherine Mercadier

*En présence du maire Philippe Bouyssou et d’élus municipaux, de la députée Mathilde Panot, du sénateur Pascal Savoldelli, du comité de jumelage d’Ivry, des associations France Palestine Solidarité d’Ivry, des Bergers en scène, de Kinkilha et de L’Étoile rouge.

Salah Hamouri : dates clés
1985
Naissance à Jérusalem d’un père palestinien et d’une mère française qui lui transmet la nationalité française.
1990
Il a 15 ans lorsqu’il participe aux manifestations et actions de la seconde intifada. Il est blessé par balle au cours de l’une d’elles.
2005-2011
Il est incarcéré durant sept ans pour des motifs qu’il a toujours niés : avoir eu l’intention du tuer le rabbin ultra-orthodoxe Yossef Ovadia et soupçonné d’appartenir au Front populaire de libération de la Palestine. Une première campagne de solidarité pour libérer Salah Hamouri est menée en France. Il est libéré dans le cadre d’un échange de prisonniers.
2011
Il commence des études de droit pour devenir avocat.
2016
Enceinte de six mois, son épouse Elsa Lefort-Hamouri (depuis 2014) est incarcérée durant trois jours et expulsée vers la France. Elle est désormais interdite de territoire.
23 août 2017
Arrestation à son domicile à Jérusalem-Est et placement en détention administrative dans une prison du Néguev dans le sud d’Israël.
2017-2018
À la tête du comité pour la libération de son mari (dont Ivry est la ville hôte), Elsa Hamouri-Lefort a multiplié les initiatives.
30 septembre 2018
Libération de Salah Hamouri.

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