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© Mairie d'Ivry-sur-Seine - Fréderic Iriarte

À chacun ses souvenirs, son premier toit et ses premières fois. L’arrivée dans la cité, la remise des clés, la découverte du logement, l’installation, la chambre d’enfant, le confort enfin retrouvé. Aujourd’hui, Gagarine dont presque tous presque tous les locataires sont relogés, devrait voir sa démolition débuter au premier trimestre 2019.

L’ensemble du quartier doit accueillir un ambitieux programme de réhabilitation. « Ce bâtiment porte auprès des gens une dimension historique et symbolique », assure Johan Rayneau de l’atelier municipal d’urbanisme. Pour accompagner ce départ et s’engager dans une nouvelle histoire, une installation photographique a été imaginée et conçue par la photographe Marie-Pierre Diéterlé et les locataires de Gagarine. Un projet qui s’inscrit parmi tous ceux initiés par les habitants et des associations comme Kokoya - qui présentait en début d’année Adieu ma cité !

«Pour les habitants, cette démolition signifie la disparition d’un lieu qui a été le théâtre de leur vie, la fabrique de leurs souvenirs, confie Marie-Pierre Diéterlé. La mémoire ne pourra plus s’incarner sur le lieu disparu, mais peut-être sur des images… La photographie est à même de « faire trace » dans le temps, de fixer un vécu à la fois individuel et collectif. C’est pour cela qu’il est important de marquer l’événement, de permettre aux habitants de se l’approprier. La fin de Gagarine marque aussi le début d’une autre histoire. »

En 2016, alors que les relogements ont commencé, en observant la façade et détaillant l’ensemble des fenêtres, le déclic se produit pour elle. « Ça serait génial d’accrocher des photos dans ces rectangles ! » La mosaïque d’images colorées prend peu à peu corps dans le projet de la photographe. Damier géant sur fond de briques rouges donnant à voir des photos réalisées par les habitants eux-mêmes.

Avec la Maison de quartier Centre-ville - Gagarine, trois séries d’ateliers sont organisées pour les enfants, les adolescents et les adultes. Ce travail collaboratif et exigeant, effectué en juillet et à la Toussaint de l’an dernier, a donné naissance à de très belles photos. Si les adultes ont labouré le champ du portrait, des adieux et du souvenir, les ados ont tenu à photographier, dans un rapport dynamique à l’espace, des lieux qu’ils aimaient. Quant aux enfants de Joliot-Curie, en souvenir de Youri, le premier homme de l’espace, ils ont joué avec les ombres et les lumières.

Vingt-quatre images, non pas pour une seconde ni pour l’éternité, mais jusqu’au dernier souffle de Gagarine avant que les pelleteuses ne rentrent en action. Tous les « Gagarine » se retrouveront le jour du vernissage pour évoquer la vie, leur vie dans cette cité. Gagarine, on l’aime.

Claude Bardavid

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