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Magnifique amoureuse, Bérénice était aussi une femme de pouvoir. © Nuit orange

Titus aime ardemment Bérénice et Bérénice l’aime tout aussi intensément. Mais leur mariage est impossible. Qui ne connaît la célèbre tragédie de Jean Racine, écrite au XVIIe siècle, inspirée de faits réels qui se sont déroulés il y a plus de 2000 ans ? Dans cette pièce, Titus, empereur romain, est déchiré entre son amour et la raison d’État. Les lois romaines interdisent en effet à leur souverain d’épouser une étrangère. Et Bérénice est une reine palestinienne !

« L’intrigue amoureuse est le plus souvent au premier plan mais en réalité c’est un texte sur le racisme, la xénophobie, explique la metteuse en scène Marie Bénati. Dans l’acte II, scène 2, le confident Paulin affirme : "Rome, par une loi, qui ne se peut changer, n’admet avec son sang aucun sang étranger." En mettant l’accent sur les enjeux politiques, la pièce résonne fortement avec notre actualité : montée des extrémismes, conflit israélo-palestinien… »

Telle Cléopâtre

Bérénice n’est donc pas seulement l’une des plus fameuses amoureuses. Elle était d'abord une politique, une femme de pouvoir, élevée, comme Cléopâtre, au milieu des intrigues de palais, dans une société où les femmes ne pouvaient gouverner que par procuration.
« La grande différence entre Bérénice et Titus, c’est qu’elle a quitté son pays depuis cinq ans pour rejoindre son amant en Italie, mais lui n’envisage pas de partir avec elle en Palestine, précise Marie Bénati. Pendant toute la pièce, il se demande ce qu’il va faire. Va-t-il notamment épouser une étrangère ? Finalement, il ne suivra pas ce que lui dicte son cœur et ça, c’est un problème du politique d’aujourd’hui : faire des choix loin de l’humanité, de l’altruisme, de la culture. »

Pour exprimer la diversité culturelle, la metteuse en scène a choisi de présenter le texte dans une version bilingue sous-titrée avec des passages en français et d’autres en arabe dits par des acteurs arabophones. « La poésie des alexandrins [vers de 12 syllabes] tient aux rimes mais aussi au rythme de la phrase. Nous voulions que les parties en arabe soient tout aussi belles que celles en français, voilà pourquoi elles sont traduites en arabe littéraire. »
Dans cette histoire où la xénophobie joue le premier rôle, la splendeur des alexandrins de Jean Racine et celle de l'arabe littéraire demeure un pont entre les êtres, entre les cultures, l'outil de l'amour et de la résistance.
Après le Duende, le spectacle sera joué cet été au Festival d’Avignon. Découvrez-le en avant-première à Ivry !

Catherine Mercadier

Du 12 au 14 avril, Bérénice, mise en scène de Marie Benati. Théâtre El Duende : 23 rue Hoche. 01 46 71 52 29.

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