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Sculptures de la série Suspended consumption © Julie Subiry

Sur une capture d’écran, parmi des lignes de texte aux passages caviardés de traits noirs, on peut lire un poème qui s’achève par les mots « peine, autorité, fleur, feu ». Comme en écho, dans une autre salle du Crédac, un dessin au crayon montre une fleur anthropomorphe qui fait littéralement feu avec un pistolet. Fleur, feu, c’est le titre de l’exposition de Roy Köhnke. « Pour moi, “fleur et feu”, c’est ce qui permet de sortir de la “peine” et de “l’autorité”, explique l’artiste français de 35 ans. La fleur évoque la sexualité, le feu la force. Il est donc question de protester, de résister à un ordre établi. Mon exposition porte sur les différentes formes de sexualités possibles qu’on n’a pas encore toutes explorées. »

Sortir du cadre, c’est ce que font, au sens propre, les trois sculptures métalliques d’organismes mutants insectoïdes de ses Trap Series. Ils ont l’air de vouloir sortir de la cage dans laquelle ils sont enferrés. « C’est ce qu’on peut ressentir quand on pense ne pas pouvoir se développer dans un système oppressant », indique celui qui se dit fondamentalement sculpteur. Leur titre est à l’avenant : Escap’in(g) to you, Evolv’in(g) to you, Bloom’in(g) to you, soit, en français, s’échapper, évoluer, s’épanouir vers toi.

Métamorphoses
 

D’autres corps étranges, en plâtre cette fois, semblent avoir parasité les câbles Ethernet sur lesquels ils sont suspendus. Inspirant autant attirance que répulsion, ils évoquent des créatures de science-fiction. Mais dans notre monde réel se produisent aussi d’étonnantes hybridations et métamorphoses. Roy Köhnke s’est ainsi passionné pour la vie sexuelle d’espèces de fleurs et d’insectes dont l’interdépendance a fait évoluer jusqu’à leur anatomie. C’est le point de départ de trois vidéos qui explorent « les nouveaux désirs et interactions entre des organismes très différents les uns des autres ». 

Réalisés en 3D, les films montrent la rencontre d’êtres organiques, atmosphériques, numériques… On y voit même des corps collectifs, comme ces particules qui s’animent ensemble à l’instar des murmurations d’oiseaux, ces vols de milliers d’individus semblables à des nuages qui dansent. Sculptures, dessins, écrits, installations et vidéos affirment, de manière directe ou en filigrane, que, tant dans nos imaginaires que dans la nature elle-même, il n’existe pas un « ordre naturel » qui s’imposerait à nos désirs et à nos corps. Fleur, feu, c’est brûlant.

Thomas Portier

Fleur, feu de Roy Köhnke jusqu’au 23 mars au Crédac : Manufacture des Œillets, 1 place Pierre Gosnat. 01 49 60 25 06.
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Visites commentées
-    Crédacantine, le 6 mars à 12h ;
-    Atelier-goûter le 9 mars à 15h ;
-    Art-thé, le 13 mars à 16h
-    Sortie du livre La Belle sucette (éd. Ghost House), suivie d’une discussion entre l’artiste et la critique d’art Caroline Honorien, le 15 mars à partir de 16h.

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