Deux corps, deux énergies, deux libérations par la danse entrent en résonance sur la scène du théâtre Antoine Vitez durant tout un weekend. Le samedi 17, Nach proposera sa conférence dansée autour du krump, danse née dans les ghettos de Los Angeles au début des années 2000. Le lendemain, Michel Onomo donnera corps au Rite de passage de Bintou Dimbélé. Puisant aux sources de la culture marrone des anciens esclaves enfuis ou affranchis, cette pièce solo aborde les questions de la vulnérabilité et de la transmission.
« Ces œuvres évoquent le fait de se libérer des codes imposés, pointe Clara Lorenzo, responsable de la médiation jeunesse au théâtre. Nach raconte son entrée dans la communauté krump, son appropriation des pas et d’un langage très codé et puis sa décision de s’en libérer. Le deuxième spectacle imagine une danse marrone, celle qu’auraient pu danser les Noirs s’ils n’avaient pas subi la colonisation. »
La culture de la rue et les territoires délaissés constituent une autre source d’inspiration commune à ces deux artistes. Expression d’une culture contestataire, « le hip-hop est né dans les interstices des grandes villes », souligne la chorégraphe Bintou Dimbélé. Quant à Nach, le titre de sa conférence dansée, Nulle part est un endroit, s’inspire de l’œuvre éponyme du plasticien Richard Baquié,exposéeau MacVal de Vitry. Assemblage de métal, de miroirs et de photos, l’installation peut évoquer tous ces non-lieux en périphérie urbaine. Pour Nash : « En découvrant cette œuvre, l’évidence m’est apparue de faire de la non-identité de la banlieue mon identité unique. »
Mathieu Oui
- Nulle part est un endroit : le 17 janvier à 20h.
- Rite de passage II – Solo 2 : le 18 janvier à 20h. « Éclairage au bar » à 18h avec Bintou Dembélé et Leila Cukierman, coautrice de Décolonisons les arts ! (L’Arche, 2018).
Théâtre Antoine Vitez : 1 rue Simon Dereure. 01 46 70 21 55