« Nous avons tellement pleuré que nous n’avons plus de larmes ». D’un ton grave, Mohammed Abed, photoreporter gazaoui pour l’Agence France-Presse (AFP), témoigne. Il raconte la guerre sanglante menée par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, en réaction aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023. Récemment évacué de l’enclave palestinienne, il participe, ce 17 novembre à Ivry, à une table-ronde sur la liberté d’informer à Gaza.
Ce débat est organisé par la Ville dans le cadre du Festival des solidarités internationales. En sont partenaires l’association France Palestine Solidarité et le Comité de jumelage, dont la responsable Chantal Bourvic rappelle : « Nous militons pour une paix juste et durable en Palestine. Toutes les initiatives qui vont dans ce sens, comme cette rencontre avec des professionnels des médias, sont importantes. » Une soixantaine d’Ivryens assistent à la soirée, dont plusieurs élus.
Civils tués
« Israël empêche les journalistes étrangers de travailler à Gaza afin de cacher ce qui s’y passe, poursuit Mohamed Abed. Sur place, les journalistes palestiniens, qui veulent la paix, travaillent avec intégrité. Preuve de notre objectivité, nous avons couvert le lancement de roquettes depuis Gaza en direction d’Israël le 7 octobre 2023. Mais l’État hébreu tue enfants, professeurs, humanitaires, journalistes… Il s’agit de massacres et de génocide. »
Selon Reporters sans frontières (RSF), depuis le début de la guerre plus de 140 journalistes ont été tués à Gaza, dont 34 dans l’exercice de leurs fonctions, pris directement pour cibles par l’armée israélienne. « C’est le conflit le plus meurtrier pour la presse de l’histoire récente », explique Jonathan Dagher, journaliste libanais, responsable de Reporters sans frontières (RSF) au Proche-Orient.
« Aujourd’hui, les journalistes palestiniens sont quasiment les seuls à documenter ce qui se déroule à Gaza, précise Clothilde Mraffko, reporter pour Le Monde et Mediapart. Or en Occident, ils sont décrédibilisés, considérés comme ayant forcément des accointances avec le Hamas. »
Au terme des échanges, tous espèrent un arrêt immédiat des hostilités pour que les civils puissent « respirer ». Le fils de Mohammed Abed n’a pas voulu quitter Gaza, pour continuer à témoigner.
Catherine Mercadier
Association France Palestine Solidarité et Comité de jumelage : 1 bis rue J.-B.Clément. 06 75 18 33 48.