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Le groupe Mary Bell donne de la voix pour l’empouvoirement féminin ! © Dominique Bourdin

En France, les femmes représentent entre 50 et 60% des élèves des conservatoires et écoles de musique, mais moins de 20% du milieu professionnel (ar tistes, techniciennes, manageuses, responsables de label, etc.). En réponse à cette sous-représentation, le festival Les Femmes s’en mêlent co-organise depuis 25 ans des concerts mais aussi des ateliers et rencontres professionnalisantes. Partenaire du festival depuis trois ans, Le Hangar propose une soirée punk & pop le 15 novembre (avec les groupes Mary Bell et En attendant Ana) et, le lendemain, un atelier d’écriture mené par la rappeuse Pumpkin suivi d’une « block party » d’anniversaire avec un panel fédérateur d’artistes rap et électro, toutes connectées par leur approche féministe.

« Si on a peine à voir plus de femmes sur scène, c’est que les clichés subsistent : "Le rock, le rap, c’est un truc de mec !". Une femme qui hausse la voix, on va tout de suite dire qu’elle est hystérique! Cela engendre des freins incapacitants, la peur d’être jugée. D’autant qu’il faut quintupler d’efforts pour te faire respecter », déplore Victoria, guitariste de Mary Bell, formation punk-rock de trois femmes et un homme créée en 2013. Lassée de voir les femmes cantonnées aux tâches « annexes » (cuisiner pour les artistes, tenir la billetterie…) ou des ingénieurs du son se permettre de toucher aux réglages de son ampli sans sa permission, Victoria a fondé les ateliers Salut les Zikettes en 2018, d’où sont issus une quarantaine de groupes féminins. La présence de Mary Bell sur plusieurs dates du festival Les Femmes s’en mêlent est donc tout sauf fortuite. « Avoir un micro, une tribune pour évoquer le sexisme, les discriminations et les violences sexuelles, c’est important, rappelle-t-elle. La masculinité toxique émerge dans les milieux majoritairement masculins, donc plus il y a de femmes dans un métier, plus celui-ci évolue positivement. Mais le fait que ce festival existe toujours signifie qu’il y a encore du boulot ! »

Lutter pour l’équité
 

L’année dernière, dans le cadre du festival, Le Hangar avait accueilli un atelier MAO (Musique assistée par ordinateur) en mixité choisie. Au-delà de cette collaboration, la salle de concert municipale porte cette démarche toute l’année. Y compris à travers ses studios de répétition (Le Tremplin) dont 30% des usagers sont des usagères, soit 10% de plus que la moyenne nationale. D’ailleurs, en 2025, les « jam sessions » en mixité choisie (sur scène comme à la technique) seront renouvelées.

« C’est quelque chose que l’on veut cultiver, car il est incontournable de devoir faire mieux. Il faut que l’accompagnement et la programmation aillent vers quelque chose de plus équitable et inclusif, insiste Mathilde Jugie, responsable du Hangar. Pour beaucoup, programmer une femme sur scène, c’est juste une case à cocher... Pour nous, ce n’est pas un vernis mais une fondation du Hangar : nous partons du principe qu’il faut rendre visible les femmes dans la musique. Pas tant parce que ce sont des femmes que parce que, musicalement, c’est bien! D’autant qu’il y a de la place pour toutes ! »

Daniel Paris-Clavel

Retrouvez toutes les informations pratiques sur le festival sur le site du Hangar.

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