Appel au Département
L’assemblée communale demande au conseil départemental de revenir sur des décisions lourdes de conséquences pour de nombreux Ivryens.
Les membres du conseil municipal, ce 17 octobre, se sont exprimés, au travers de deux vœux adoptés à la majorité, au sujet de mesures prises récemment par le Département du Val-de-Marne. En premier lieu, l’assemblée communale « dénonce la décision du conseil départemental de supprimer le remboursement de la carte Imagine’R pour les lycéens non boursiers et les étudiants » et lui demande « de rétablir le caractère universel de ce dispositif dès la rentrée prochaine ».
Rapporteur de ce premier vœu au nom de la majorité municipale, Boukary Gassama (Tiers Citoyen) rappelle que « cette décision affecte 80 % des bénéficiaires actuels de cette aide, soit des dizaines de milliers de jeunes et leur famille qui devront désormais assumer seuls la totalité du coût de cette carte, soit 187,20 € de plus par an. Cette mesure est particulièrement injuste dans la mesure où les dépenses de la rentrée scolaire pèsent déjà lourd dans les budgets de nombreuses familles. Et il est impensable que la précarité des étudiants non boursiers soit ignorée. »
Des reculs inquiétants
Dans un second vœu présenté au nom de la majorité par Kheira Freih-Bengabou (Europe Écologie Les Verts), la municipalité s’oppose au désengagement du conseil départemental en matière de prévention santé à Ivry. Pour rappel, depuis 1994, le Département a signé une convention avec la Ville afin de permettre au centre municipal de santé, via une subvention de 250 000 € par an, de mener des actions de santé publique, notamment dans les collèges ivryens et au CMS avec le Centre de planification familiale et d’information sexuelle. « Cette convention a été remise en cause par simple courrier du président du Conseil départemental au motif qu’il existe un centre de santé sexuelle assurant cette politique de santé publique, s’agace l’adjointe au maire. Oui, il existe bien un centre de santé équivalent, mais à Alfortville et avec un nombre de personnels bien trop insuffisant pour intervenir jusqu’à Ivry. Ces reculs du Département en matière de santé publique nous inquiètent, d’autant plus qu’ils s’inscrivent, ces derniers mois, dans une série d’autres décisions du même ordre, prises unilatéralement : petite enfance, éducation, aide à la mobilité des jeunes, subventions aux associations jeunesse, action sociale... »
Ce que confirme en conclusion Philippe Bouyssou, le maire : « Il y a eu une déferlante de remises en cause. Ce qui me préoccupe, c’est le déficit de politiques sociales au moment où la crise frappe durement les plus fragiles d’entre nous. Nous affirmons par ces vœux nos désaccords et espérons que ces prises de décisions permettront de réorienter un certain nombre d’actions. »
Ahmed Talbi
Pour un espace public apaisé
Les élus ont adopté la convention avec le groupement CIThéA en vue d’un accompagnement social des jeunes se regroupant sur l’espace public, au centre-ville.
« Nous nous sommes engagés au moment du bilan de mi-mandat à mettre en place une action en direction des jeunes adultes présents dans l’espace public, dont les regroupements peuvent être à l’origine d’un sentiment d’insécurité ou de troubles à l’ordre public du fait de nuisance sonores mais aussi d’agressivité verbale, voire physique, envers les passants, les commerçants ou entre eux, plus précisément en soirée », expliquait Bertrand Quinet, adjoint au maire en charge des politiques solidaires et d’insertion, ce 17 octobre à l’assemblée communale.
Cette dernière se prononçait sur la convention d’objectifs entre la Ville, le CCAS (Centre communal d’action sociale) et le groupement associatif CIThéA. L’objectif est d’intervenir auprès des groupes de personnes étrangères en errance et/ou de mineurs non accompagnés, présents particulièrement en centre-ville, notamment aux abords du métro et de la gare RER. Ce public, toujours selon l’élu, semble présenter en majorité des problématiques sociales, d’addiction, de soins cliniques et psychologiques.
CIThéA, fondé en 2005, est un acteur majeur de la prévention et de la protection de l’enfance en France. Au fil des années, ce groupement a diversifié ses activités en intégrant des professionnels issus des services de la justice et de l’Aide sociale à l’enfance, et a élargi son champ d’intervention au travail de rue. À Ivry, leur intervention aura pour objectif de comprendre la problématique pour, d’une part, mieux agir en matière de salubrité et de sécurité publiques et, d’autre part, mettre en place un accompagnement social pour ceux qui souhaitent s’inscrire dans un parcours de suivi et d’insertion. Cette action, sous le pilotage du CCAS, est prévue pour six mois et le montant de la subvention dédiée s’élève à 275 000 €. L’équipe mobile pluridisciplinaire de CIThéA est composée de deux éducateurs, d’un psychologue ou psychiatre et d’un coordinateur.
« Cette première étape constituera une amorce pour la définition d’une stratégie plus globale d’une politique de lutte contre la pauvreté et la précarité sur l’espace public, complète l’élu. Nous sommes proactifs pour ne pas laisser cette situation s’installer et avons la volonté d’associer nos partenaires locaux, associatifs et institutionnels, afin de poursuivre ce travail au-delà des six mois. »
Cette délibération a été adopté à la majorité.
Ahmed Talbi
En bref
Démission
Dans une allocution en début de séance ce 17 octobre, l’élu de la majorité Bahri Sebkhi a annoncé sa décision de démissionner, avec effet immédiat, de son mandat de conseiller municipal.
Proche-Orient
Le conseil a adopté un vœu, à l’initiative de la majorité municipale, pour la paix au Proche-Orient. « Dans ce conflit où l’extrême majorité des victimes sont des civils, chaque mort est à déplorer et à condamner, la priorité absolue doit être l’application d’un cessez-le-feu immédiat et la protection des populations civiles, conditions préalables indispensables à l’établissement politique d’un processus de paix », indique le vœu. L’assemblée a également voté une subvention de 2 000 € afin d’abonder le fonds de solidarité Liban initié par le Secours populaire français.
Crit’Air 3
À compter du 1er janvier 2025, sur décision de la Métropole du Grand Paris (MGP), la zone à faible émission mobilité métropolitaine va exclure du périmètre formé par l’autoroute A86 les véhicules catégorisés Crit’Air 3, au même titre que les Crit’Air 4, 5 et non classés. Initialement prévue en juillet 2022, cette échéance avait été reportée. Le conseil municipal d’Ivry était amené ce 17 octobre à émettre un avis sur cette exclusion, ce qu’il a fait de manière favorable sous certaines réserves : le maintien d’une période de non-verbalisation ; que le président de la MGP réclame à l’État le développement des aides financières à la conversion ou au changement de mobilité pour les ménages et les entreprises ; la massification de l’offre de transport en commun.