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Les enseignants de l’école Makarenko au Festival international du film de Cannes. Lors de la séance photo, Claire Simon, qui les a filmés, a clamé : « Ce sont eux l’avenir de l’humanité et du cinéma ! ». © Joachim Tounbize / FDC

« Je suis parti en fusée sur la lune avec mes collègues et je n’en suis pas encore totalement revenu ! Tout était époustouflant, les acteurs croisés, les photographes, la vue sur la mer…» De retour du Festival international du film de Cannes, Bertrand Quinet, directeur de l’école Anton Makarenko, confie son émotion et sa joie encore vive. Le 19 mai, deux jours avant notre entretien, il a foulé les célèbres marches recouvertes de tapis rouge, avec sept de ses collègues enseignants, en compagnie de la cinéaste Claire Simon. Tous figurent dans le documentaire Apprendre qu’elle a tourné l’an dernier au sein de l’élémentaire et qui a été présenté en sélection officielle, hors compétition, à l’occasion d’une séance spéciale.

« En général, dans les banlieues, on filme les “racailles”, les ados violents, alors que moi je voulais montrer l’école élémentaire comme un bastion républicain, comme une fabrique du citoyen et de la cité, explique la célèbre réalisatrice. Il s’agit du lieu où les enfants comprennent qu’ils ont une place à la fois individuelle et collective ; ils ont une idée très forte de ce qu’est un groupe, donc la société. »

Enseignants civilisateurs

Au départ, Claire Simon pensait filmer la cour de récréation mais elle a fini par se glisser dans les classes. Fascinée par ce petit théâtre humain, elle a cadré au plus près la relation entre les élèves et leur enseignant, laissant volontairement les difficultés et les manques de moyen hors champ. « L’école est vraiment le creuset de la cité, les enseignants et le directeur sont des civilisateurs ! », affirme Claire Simon. En 2017, elle avait déjà tourné à Ivry avec des lycéens de Romain Rolland un opus intitulé Premières solitudes.

Lors de la projection d’Apprendre à Cannes, Bertrand Quinet et ses collègues sont bouleversés, touchés de se voir sur grand écran et de ressentir l’accueil du public, saluant généreusement leur travail.

« Quand Thierry Frémaux [directeur général du Festival de Cannes] nous a tous appelés par nos noms pour monter sur scène, nous avions les larmes aux yeux, certains pleuraient, poursuit le directeur de l’école élémentaire Makarenko. Dans le film, nous ne faisons rien d’exceptionnel, juste notre boulot dans une ville de banlieue où les enfants n’ont pas le même bagage culturel que dans les quartiers favorisés. Aussi il nous semble primordial de leur apprendre à réfléchir par eux-mêmes, par l’expérience de la culture lors de sorties scolaires, ou de la démocratie lors de petits débats quotidiens sur des sujets de société en CM1 et CM2.La confiance est à la base de tous les apprentissages et ça se travaille surtout en s’ouvrant au monde ! »

Catherine Mercadier

Une avant-première d’Apprendre est prévue le 26 juin à 19h30 au cinéma Le Luxy, en présence de la cinéaste Claire Simon et des protagonistes du film.

Les lycéens sur la croisette
1996 ou les Malheurs de Solveig de Lucie Borleteau est le deuxième film tourné à Ivry qui a été présenté au Festival de Cannes, en séance spéciale. Il a été réalisé au lycée Romain Rolland avec les élèves de l’option cinéma, dans le cadre d’un partenariat entre le cinéma municipal Le Luxy et l’Éducation nationale. Son pitch : Angèle, 17 ans, attend son premier baiser… Nous vous en parlons la semaine prochaine. A mercredi !

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