De qui Bob Marley tient-il son surnom ? C’est en l’honneur de Leonard Percival Howell, dit le Gong, que la première superstar issue du Tiers-monde se fera appeler Tuff Gong (« gong dur », NDLR). Bien moins célèbre que le chantre du reggae, Leonard Percival Howell (1887-1981), lui aussi jamaïcain, est le fondateur du mouvement rasta dans les années 30. Le rastafarisme a trop souvent été réduit à des clichés folkloriques ou seulement assimilé à une forme de religion. S’il dérive du judéo-christianisme et est assurément mystique, ce culte est aussi un mouvement social et culturel. Howell, marin qui a parcouru le monde, a puisé dans le marxisme, le gandhisme et même la psychanalyse pour édifier son mouvement afro-centriste et farouchement anticolonial. C’est donc de l’histoire et des évolutions de la société jamaïcaine dont il est question ici.
Si tout le reggae n’est pas rasta, on ne peut en comprendre son impact sur les musiques mondiales sans examiner les conditions locales de sa production. C’est toute l’ambition du Reggae Social Sound organisé par le fanzine ivryen de culture populaire ChériBibi : plonger dans les origines sociales de la musique jamaïcaine. Pour tout savoir de Leonard Percival Howell et du mouvement rasta, le cinéma municipal Le Luxy projette Le Premier rasta (France 2011), un documentaire riche d’archives et de témoignages et à la bande-son signée de Max Romeo, The Abyssinians ou Groundation. La séance sera suivie d’un débat avec sa réalisatrice, la journaliste française Helen Lee.
Un pan d’histoire
Le lendemain, The Pioneers se produiront sur la scène du Hangar. Ce sera le tout premier concert francilien de ce groupe vétéran du reggae. Trio vocal formé à Kingston en 1962, avant l’avénement du reggae proprement dit, The Pioneers signe trois ans plus tard sur le label du producteur Leslie Kong (découvreur de Bob Marley et Jimmy Cliff) en Jamaïque. Via le label Trojan Records, leur chanson Long Shot Kick De Bucketatteint la 21e place des ventes en Grande-Bretagne en 1969. C’est la grande période de popularité du ska et du reggae outre-Manche où leur titre Let Your Yeah Be Yeah se classe 5e des charts en 1971. Remis au goût du jour lors du revival ska/two tone au tournant des années 1980 par des formations comme The Specials, le groupe collaborera ensuite avec des tenants plus pop du reggae, tels UB40. Au travers du parcours des toujours vaillants The Pioneers, c’est tout un pan de l’histoire des musiques jamaïcaines qui se dévoile. De quoi voir, entendre et apprendre.
Thomas Portier
Projection-débat de Le Premier rasta le 16 mai à 20h30 au Luxy : 77 av. Georges Gosnat. En savoir plus
The Pioneers le 17 mai à 20h au Hangar : 3/5 rue Raspail. Première partie : Boss Capone & Patsy. En savoir plus