Finances locales 2024 : un budget solidaire
Le 4 avril dernier, le budget communal pour 2024 a été voté à la majorité des voix par le conseil municipal.
Avec des dépenses de fonctionnement évaluées à 154,7 M€, des recettes estimées à 174,5 M€, des investissements inscrits à hauteur de 35,7 M€ et un taux de taxe foncière inchangé, le budget 2024 poursuit les engagements du programme municipal. Avec pour objectif de maintenir et développer des services publics de qualité, alors que « les différents leviers fiscaux, la part que prend l’État dans le financement du service public local ne cessent de décroître », a souligné Ouarda Kirouane, adjointe au maire en charge des finances, qui présentait le budget communal au conseil municipal le 4 avril dernier.
« Si nous étions restés dans le cadre législatif national de 2011, nous commencerions l’année avec 15,4 M€ supplémentaires. » Cette perte de recettes équivaut à près de la moitié du budget investissements pour 2024 a indiqué l’élue avant de poursuivre : « Ivry est une ville qui porte au cœur des politiques publiques un budget solidaire. Un budget qui répond aux besoins des Ivryens dans leur diversité et qui ne fait pas que répondre aux besoins d’aujourd’hui mais qui prépare aussi l’avenir, l’avenir d’une ville qui souhaite rester une ville populaire à la porte de la capitale. »
Priorité aux services publics
Dans ce contexte pour le moins hostile, comment maintenir et garantir dans le temps un service public de qualité a interrogé Clément Pecqueux (Ensemble pour Ivry - Génération.S) : « Nous le faisons en présentant un budget - certes pleins d’incertitudes sur l’avenir - mais étayé, sérieux et rigoureux, et pour autant plein d’ambitions. Nous construisons notre budget autour des objectifs que nous avons fixés dans notre projet municipal, une vision pour l’avenir de notre ville, plus solidaire, plus juste, plus écologique. Pour cela nous avons un PPI [plan pluriannuel d’investissement] réaliste et ajusté aux conditions difficiles auxquelles nous devons nous adapter mais qui ne renonce en rien ni à la gestion de notre patrimoine ni à son développement en lien avec de nouveaux services publics au profit des Ivryennes et des Ivryens, ni à notre objectif de neutralité carbone en 2050. Voilà ce qui est un budget sérieux et visionnaire. »
Faisant référence aux coupes budgétaires à venir annoncées par l’État, Sébastien Bouillaud (groupe Ivry Autrement) a dit partager les inquiétudes à ce sujet :« Nous verrons à quelle sauce les collectivités territoriales seront mangées cette année. Pour autant, Ivry doit prendre ses responsabilités car ce budget reste conséquent. Nous critiquons depuis des années vos choix de politique publique, particulièrement en matière de sécurité, de propreté et de cadre de vie, ou vos choix de services publics qui renforcent les inégalités. Je prends pour exemple la nécessité de réinterroger les barèmes du quotient familial. À peine 20% du budget consacrés à des investissements, c’est très faible. Ivry doit se projeter dans l’avenir. Nous demandons depuis très longtemps une visibilité sur les investissements pluriannuels à venir. Nous voterons contre ce budget qui n’est pas à la hauteur des enjeux d’Ivry. »
À l’inverse, Kheira Freih Bengabou (Ensemble pour Ivry - Europe Écologie Les Verts) a applaudi ce budget :« Nous menons des politiques publiques ambitieuses » qui visent « à pallier aux manquements du gouvernement dans les domaines de l’école, de la santé…. Ce sont les Ivryennes et les Ivryens qui en bénéficient. Nous avons fait le choix d’un CMPP [Centre médico-psycho-pédagogique] municipal. Nous avons fait le choix que la culture soit accessible à toutes et tous, alors qu’ailleurs les tarifs s’envolent ! Nous soutiendrons et voterons ce budget ».
Pour sa part, Philippe Hardouin (groupe Ivry en commun) a tenu avant tout à faire part de l’insatisfaction de son groupe sur les orientations du gouvernement français « qui consistent à piocher de nouveau dans les fonds des collectivités locales pour pallier à une situation dont il est entièrement responsable ». Quant au budget communal pour 2024, « c’est un budget en cohérence avec les années précédentes, a-t-il déclaré. Il y a une maîtrise budgétaire. Ce budget est l’expression de choix politiques avec des dépenses en santé, en culture, en solidarité… que nous soutenons. Mais d’autres choix posent question : les investissements sur la sécurité, l’attractivité commerciale, et enfin la zac Confluences et l’évaluation de ses risques financiers pour la Ville. Nous ne voterons donc pas ce budget, nous nous abstiendrons. »
À l’issue des débats, le maire Philippe Bouyssou a déclaré en forme de conclusion : « Nous avons un budget qui préserve l’avenir de cette ville et prépare sa croissance démographique et urbaine. Nous pouvons être sereins. »
Le budget primitif a été adopté par 36 voix pour, 5 voix contre (groupe Ivry Autrement) et 2 abstentions (groupe Ivry en commun).
Sylvie Moisy
Lire la présentation du budget municipal 2024
Stop au non-remplacement d’enseignants !
C’est un total soutien que l’assemblée communale a apporté aux revendications des parents d’élèves exprimées en interruption de séance. Les élus ont réclamé plus de moyens à l’Éducation nationale.
« Non à la casse des savoirs ! » « École Makarenko : 1656 heures sans enseignement pour nos enfants ! Une classe de moyenne section sans maîtresse pendant 16 semaines ! » « Rosa Parks : une classe de CE2 sans remplaçant depuis un mois !!! 5 AESH* pour 22 élèves !!! » « Le classement REP** pour l’école Rosa Parks et le collège Halimi, c’est pour quand ??? »…
Portées par une cinquantaine de parents d’élèves scolarisés dans les écoles publiques ivryennes, pancartes et banderoles ornaient la salle du conseil municipal le 4 avril dernier. Ces parents mobilisés sont venus témoigner de vive voix de la réalité des situations et conditions d’enseignement supportées chaque jour par leurs enfants.« Depuis la rentrée des classes en septembre, nous comptons tous, dans chaque école le nombre de jours où les élèves n’ont pas de maître ou de maîtresse. Les chiffres sont accablants. » « Tous les jours, il y a une quarantaine d’enfants dans des classes prévues pour 25 ! L’Éducation nationale maltraite ses élèves et son personnel… »
Ces parents ont réclamé des conditions d’apprentissage et de travail décentes pour leurs enfants comme pour leurs enseignants. Avec des classes à effectif limité à 25, des remplacements dès la première journée d’absence, une école inclusive avec un recrutement d’AESH*, le statut REP** pour les collèges Gisèle Halimi et Romain Rolland, le retrait de la réforme du « choc des savoirs » qui impose un tri social des élèves…
Non à la ségrégation territoriale
Leur appel a été entendu par les élus. Un vœu présenté par Fabienne Oudart (Parti communiste français) au nom de la majorité municipale Ensemble pour Ivry, a fait écho à leurs revendications. « Il y a une multitude de changements et de continuité du démantèlement de l’Éducation nationale depuis de nombreuses années, a déclaré l’adjointe au maire en charge des affaires scolaires, aux politiques éducatives et à l’enfance. À cela s’ajoute un gouvernement qui fait des annonces malhonnêtes qui vont mettre à mal l’éducation égalitaire et équitable avec des groupes de niveau… Il y a un principe de ségrégation territoriale alors que tous les enfants - quelques soient leur niveau social - sont capables de s’émanciper et de penser le monde si on leur en donne les moyens. Monsieur Blanquer [ancien ministre de l’Education nationale] a rendu l’école obligatoire dès 3 ans. Mais dès la Maternelle, les enseignants ne sont pas remplacés ! »
Par ce vœu de soutien à la communauté éducative et aux parents d’élèves, le conseil municipal constate depuis plusieurs années une pénurie d’enseignants qui ne cesse de s’accroître dans le primaire et le secondaire. Tout particulièrement dans l’académie de Créteil et, comme dans la majorité des villes populaires de banlieue parisienne, à Ivry.
Oui à l’égalité des chances pour tous
« Il est triste d’être obligé d’occuper une école, s’est indigné Bertrand Quinet (Ensemble pour Ivry - Parti communiste français).Ces manques sont dus à des choix politiques forts. Donner de l’argent au privé déshabille le public. Privatiser le service public est scandaleux ! »
« Il y a des départements plus touchés que d’autres, a constaté Kheira Freih Bengadou (Ensemble pour Ivry - Europe Écologie Les Verts). Un enseignant sur deux n’est pas remplacé dans le 93 alors qu’un taux de remplacement de 78% est donné par l’Éducation nationale. L’école ne réduit pas les inégalités, elles les creusent ! »
« Alors que l’école doit être le premier lieu d’égalité et de chance pour tous les enfants, elle est en train de devenir le premier lieu des inégalités, a regretté Sébastien Bouillaud (groupe Ivry Autrement). Le problème est le manque de moyens. Je souligne l’action de douze maires de Seine-Saint-Denis qui veulent mettre en demeure l’État par arrêté. Une action dont pourrait s’inspirer Ivry. »
« Nous sommes dans une situation extrêmement délicate pour l’Éducation nationale en France, a acquiescé Philippe Hardouin (groupe Ivry en commun). Cela fait partie des choses qui devraient être privilégiées pour assurer l’égalité des chances. Nous constatons que ce n’est plus le cas. Nous regrettons cette situation que nous devons tous condamner. »
À l’issue des échanges, considérant les témoignages des parents d’élèves, le maire Philippe Bouyssou a suggéré d’adjoindre à ce vœu le classement en REP** de tous les collèges ivryens. « Je propose également que le conseil municipal s’engage à initier, avec d’autres ville du Val-de-Marne, la mise en demeure de l’État de garantir l’égalité devant le service public de l’éducation, a-t-il ajouté. Je m’engage à écrire à tous les maires du département afin que nous puissions engager conjointement cette procédure. »
Le vœu a été adopté à l’unanimité et salué par des applaudissements.
Sylvie Moisy
* AESH : accompagnant d'élève en situation de handicap.
** REP : réseau d'éducation prioritaire.
En bref
Subventions aux associations
Le montant total des subventions de fonctionnement aux associations pour 2024 s’élève à 3 472 112 € (soit une augmentation 26 992 € par rapport à 2023).
127 dossiers de demande ont été déposés (117 en 2023), et 123 ont été éligibles. 106 associations ont fait l’objet d’une proposition d’attribution (100 en 2023).
Location à l’Espace Robespierre
La location de salles municipales à l’Espace Robespierre passe de trois à quatre créneaux horaires : 9h-18h, 14h-00h, 18h-3h ; et, nouveauté, 14h-3h. Les tarifs - inchangés depuis 2018 - augmentent de +15% pour les particuliers et +20% pour les entreprises. Désormais, le prêt de salles à titre gracieux aux associations ivryennes est accordé une seule fois par an. Enfin, afin de permettre aux particuliers de se projeter dans la préparation de leur mariage, il est dorénavant possible de réserver une salle un an à l’avance.
Prestations culturelles au QF
À compter du 1er septembre, les tarifs des activités culturelles au quotient familial (QF) haussent de 3% (cours du conservatoire municipal de musique et de danse, de la galerie Fernand Léger et du Hangar). Un tarif plancher pour le quotient familial à 10 est institué. Il permettra aux familles les plus modestes d’accéder aux activités culturelles. Le prêt d’instrument par le conservatoire ne sera plus tarifé selon un forfait annuel de 90€ mais selon une nouvelle grille tarifaire au QF allant de 5€ à 35€.
Gymnase Delaune
Le gymnase Auguste Delaune, construit en 1953, va faire l’objet de travaux de réhabilitation thermique et énergétique, et de mise en accessibilité. L’ensemble de l’opération est estimée à 6,6 M€ TTC. Cinq représentants du conseil municipal ont été désignés pour composer le jury de concours pour un marché de conception-réalisation. Les travaux devraient se dérouler de juin 2025 à avril 2026. Pendant la période de juin à septembre 2025 sont prévus les travaux de raccordement au chauffage urbain et essentiellement les travaux intérieurs. Par la suite, le chantier se déroulera à l’extérieur, ce qui permettra l’utilisation de l’équipement.
