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© Une centaine de parents et d'enseignants sous le choc de la réforme dite du "choc des savoirs" le 2 avril 2024. Mairie d’Ivry-sur-Seine – Julie Subiry

« Si un élève ne réussit pas au collège, il va aller dans une classe pour les nuls et il va se sentir encore plus nul et ne sera pas motivé pour réussir. Il risque en plus d’être moqué et de se faire harceler. » Avec ses propres mots, Kael, 12 ans, en 5ème au collège Gisèle Halimi synthétise la réforme gouvernementale dite du « choc des savoirs ». Celle-ci instaure des groupes de niveaux - renommés « groupes de besoins » - en mathématiques et en français pour la rentrée prochaine. Ce 2 avril, dans la soirée, au collège Wallon*, l’adolescent participe à la mobilisation contre ce texte avec sa mère. Au cours de cette soirée, plus de 80 parents ont participé à la rencontre, ainsi qu’une quarantaine d’enseignants et personnels éducatifs. Plusieurs élus de la municipalité dont le maire Philippe Bouyssou, ainsi que la députée Mathilde Panot et le sénateur Pascal Savoldelli sont venus soutenir la communauté éducative.

« Cette réforme vise à supprimer l’hétérogénéité au sein des classes alors que c’est une source d’émulation, plusieurs études le prouvent, explique Clémence, enseignante en lettres classiques et latin au collège Politzer. Comme les bons élèves sont plutôt issus de milieux favorisés, ils seront ensemble et les moins favorisés  socialement iront dans un autre groupe. Nous allons devoir opérer un  "tri social" d’enfants qui n’ont que 11 ans ! C’est inacceptable. » Sa consœur, Alice Bouaziz, enseignante en français à Wallon, et militante au GFEN [Groupe français d’éducation nouvelle], précise : « Les scientifiques ont démontré que les groupes de niveau ne permettent pas aux élèves forts de progresser et assignent ceux qui sont faibles à leur place de faibles.Ça ne sert donc à personne et ça dessert la République. » Son collègue, Victor Damasse, enseignant en mathématiques à Wallon, pointe, lui aussi, l’attaque ainsi mené contre le vivre-ensemble. 

Des professeurs devant les élèves

Du côté des parents, le rejet du texte est massif aussi. « Nos enfants sont pesés, soupesés, évalués, mais nous voulons juste des enseignants en nombre suffisant devant eux, s’emporte Stéphanie Charpentier, représentante FCPE des parents d’élèves. De la rentrée à la Toussaint, deux classes de 5ème n’ont pas eu de professeur de français et il a fallu occuper le bureau du principal pour en obtenir un. À la maternelle Makarenko, le problème du non remplacement des professeurs absents est énorme. Quant au manque d’AESH [Accompagnants des élèves en situation de handicap], il met les équipes éducatives en difficulté dans tous les établissements. » Sylvain Labois, également à la FCPE, dénonce la constitution de filières de relégation et d’un « apartheid social » à terme.

Des actions sont envisagées comme l’envoi de cartes postales à la ministre de l’Éducation nationale, des occupations tournantes d’établissements scolaires, des actions symboliques dans Paris, et ce, dès le retour des vacances scolaires le 22 avril. N’hésitez pas à vous rapprocher des représentants des parents d’élèves pour avoir les dernières infos sur les mobilisations à venir.

Catherine Mercadier

*Le collège Henri Wallon est situé 3 place Danton et est classé Rep (Réseau d’éducation prioritaire).

Renseignements auprès de l’Union locale de la Fédération des Conseils de Parents d'Elèves (FCPE)

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