« Les hommes sont courageux alors que les femmes sont, elles, douces et sensibles. » ; « Quoi qu’il en soit, il est important qu’elles aient des enfants ; et les hommes, eux, sont forcément hétérosexuels ? » N’avez-vous jamais entendu ce type d’affirmations, assénées parfois telles des vérités indiscutables ? Pourtant, il s’agit bien de stéréotypes sexistes fondés sur une représentation du monde où la supériorité des hommes sur les femmes est considérée comme naturelle.
Ces préjugés, tenaces, nous enferment tous dans des cases de ce qui relèverait du féminin ou du masculin. Or ce système patriarcal, qui remonte à la période néolithique, est une construction sociale, qui relègue au second plan la moitié de l’humanité. Deux exemples emblématiques en attestent : les Françaises n’ont obtenu le droit de vote qu’en 1944, et les femmes mariées n’ont eu l’autorisation d’ouvrir un compte bancaire qu’en 1965. Au-delà des inégalités, ces relations de domination engendrent des violences sexistes ou sexuelles.
Malgré des avancées dans le domaine des droits, malgré des années de combats féministes et la libération de la parole dans le sillage de MeToo, les stéréotypes perdurent. Selon le rapport du Haut conseil à l’égalité (HCE), paru début 2024, la société française est de plus en plus consciente du sexisme mais il ne recule pas. L’an dernier, 86% des femmes ont vécu une situation sexiste, et 37% au moins une situation de non-consentement lors d’un rapport sexuel. Mais pourquoi de tels chiffres, une telle persistance du sexisme ? « Parce qu’il est communiqué et assimilé dès l’enfance, dans le foyer et à l’école, puis véhiculé dans l’ensemble de la société, notamment au sein des sphères médiatique et numérique », répond le HCE.
Le piège de la virilité
Aujourd’hui, dans les sphères privées et publiques, les écoles, les collectivités, les associations, les entreprises, ces préjugés intériorisés sont de plus interrogés. À Ivry, un deuxième plan d’actions pour l’égalité de genre pour la période 2024-2026 a été adopté lors du conseil municipal de février. Au terme d’égalité femmes-hommes, celui d’égalité de genre est préféré car il ne réduit pas le sentiment d’identité d’une personne à son sexe biologique mais va au-delà. Parmi les initiatives prônées, notons l’engagement public pour promouvoir l’égalité en se mobilisant lors des Journées internationales du 8 mars, le 17 mai et 25 novembre. La lutte contre les stéréotypes sexistes est également au programme avec la mise en avant de représentations variées et non sexistes.
Grâce au budget participatif, la Ville a aussi financé la Maison des femmes, créée en 2021 dans l’un des appartements de la cité de l’Insurrection. C’est un lieu ressource unique qui propose des échanges informels et des rencontres avec des artistes ou des historiens. Les femmes en situation de précarité y sont aussi accueillies lors des permanences. Ouvert à toutes, il est animé par les bénévoles de l’association Femmes solidaires d’Ivry : « C’est un vaste travail de "déconstruction" qui s’annonce et que nous menons déjà avec la Maison des femmes, explique Christine, membre de l’association Femmes solidaires. Le mythe de la virilité est un piège pour les femmes comme pour les hommes qui ne s’y identifient pas forcément. Nous avons commencé à former les animateurs des centres de loisirs par exemple. Il s’agit de se libérer des injonctions et de créer une culture féministe commune. Grâce à nos initiatives, nous luttons, nous ne subissons pas notre sort, et cela nous met déjà en joie ! »
Maison des femmes, 2 jardin de l’Insurrection. Ouvert le mercredi de 14h à 17h et le samedi de 11h à 17h. 09 51 63 68 23 (Joignable à l’heure des permanences). Contact : femmesolidairesivry@gmail.com
De nombreux évènements sont organisés à Ivry, du 7 au 29 mars : rencontres, débats, spectacles, concerts, expositions, ateliers... Découvrez le programme complet.