Passer sans transition de son garage à pincer péniblement sur sa guitare les premiers accords de Smoke on the water de Deep Purple, aux auditions à l’aveugle de The Voice, le radio-crochet aux 6 millions de téléspectateurs sur TF1, qui l’aurait cru ? Pas Bryan Tournié. 24 ans, un chanteur-interprète amateur ivryen, et vrai bloc de tendresse dans ses chemises hawaïennes à rendre jaloux Antoine et ses Élucubrations. « J’ai été repéré par la directrice de casting sur les réseaux sociaux où je poste pas mal de cover de reprises », explique-t-il. Son timbre de voix « à la Vianney », sa décontraction attachante et son naturel ont sans doute fait pencher la balance. Bryan a parfaitement compris qu’il avait décroché la queue du Mickey. « Je voulais crier ma joie d’avoir été sélectionné mais, par contrat, j’ai dû garder l’annonce secrète durant trois mois ».
Le 28 février, la galaxie internet s’est enflammée après son interprétation de Dumbo. Vianney, son auteur, son idole et l’un des quatre coaches, l'avait adoubé en imperator. Bryan poursuivrait donc l’aventure. « J’ignore jusqu’où cette expérience m’emmènera mais c’est évident il y a un avant et un après The Voice », confiait-t-il les jours précédents les premières auditions (ou « battles ») éliminatoires qui seront diffusées le 27 mars. L’avant, c’est le lycée Romain-Rolland option cinéma, des études dans la même filière en Licence 3 à la Sorbonne, avec une douzaine de courts métrages réalisés, à la clé. Plusieurs ont été projetés au cinéma municipal Le Luxy. Il jure ne pas abandonner le 7e art. Plus jeune, ce furent également les planches du théâtre Aleph et du TQI.
Réussir dans la musique
Mais l’univers de cet enfant de la balle arrivé à 6 ans rue Pierre Guignois, c’est la musique. Par son père Lionel, gloire régionale à la tête de son orchestre dans les bals populaires en pays Cathare. « Devant la scène, dessus ou en coulisses j’ai grandi dans une ambiance de concerts », confirme Bryan. Son arrière-grand-père Eugène élabora la blanquette Veuve Tailhan, référence victocole à Limoux, mais c’est une autre histoire. Sandrine comédienne et mère de Bryan lui a inculqué une vénération pour les comédies musicales. Mama Mia, Chorus line, Billy Elliot… Les tickets d’entrées tapissent le mur jaune de la cuisine, véritable cabinet de curiosité. « J’ai eu la chance d’aller les applaudir en vrai à Broadway et à Londres ». L’interprète, mais également compositeur, lui, est monté à plusieurs reprises sur la scène d’Ivry-en-fête et a chanté au bar Le Village, place de l'Insurrection à Ivry-Port.
La légende, ou plus sûrement la com de The Voice, affirme qu’il aurait décidé de faire de la musique son horizon professionnel il y a un an, un soir de reprises dans un bar. Lui ne se rappelle pas…Une chose est certaine : « The Voice, avec l’accompagnement professionnel qui va avec, m’a débloqué et convaincu de tenter quelque chose de durable dans la chanson, mais sans me prendre pour un autre et étant conscient de tout ce que j’ai encore à apprendre », assure l’artiste. Alors Bryan veut pousser son avantage pour aller haut, sans se brûler les ailes.
Frédéric Lombard